Comme je n’avais plus rien à livre, un ami m’a prêté un livre: «Rien de grave» de Justine Lévy. Je n’avais jamais entendu parler de ce livre. Je ne suis pas l’actualité people et je ne me suis jamais intéressée à qui couche avec qui et qui se marie avec qui…
J’ai donc lu ce livre sans arrière-pensées, sans préjugés, sans aucune idée préconçue. Je l’avais presque fini en croyant qu’il s’agissait d’un simple roman, sans savoir qu’en fait il s’agit d’un livre autobiographique.
J’ai commencé ce livre et dès le début, je l’ai aimé.
Avant même de savoir ce qui allait suivre, j’ai aimé. J’ai aimé. J’ai aimé Louise qui va à l’enterrement de sa grand-mère en jeans et qui critique ceux qui accordent plus d’importance aux formes qu’au fond. J’ai aimé Louise. J’ai ressenti sa sensibilité. J’ai compris son authenticité.
Ensuite, l’auteur est entrée dans le vif du sujet. Elle a commencé à écrire, à décrire, à souffrir, à raconter…
Louise, qui aimait son mari plus que tout au monde a été larguée par lui. Il l’a quittée pour une autre femme. «Larguée, quittée, jetée». Une femme décrite d’une façon impitoyable. Une femme sans scrupules, sans principes, une femme refaite, une femme égoïste, une femme qui ne pense qu’à elle-même… Le genre de femme que moi j’appelle une pétasse et que Louise appelle Terminator avec un regard de tueuse.
Au fil des pages, on vivra la souffrance de Louise. Elle la déroule, l’explique… et on la ressent avec elle, pour elle, à sa place.
J’ai pleuré. J’ai beaucoup pleuré. J’ai vraiment pleuré.
Louise souffre et nous fait souffrir avec elle.
Et elle nous explique. Elle nous explique son amour pour son mari. Cet amour devient palpable. On le comprend. Louise vit pour son mari, à travers son mari, grâce à son mari. Il est tout pour elle. Il est sa vie. Elle voit à travers lui, elle sent à travers lui, elle vit à travers lui. Elle l’aime. Elle l’aime de toutes ses forces. Elle l’aime de toute son âme. Elle l’aime. Elle l’aime. Elle l’aime. Premier amour. Intense amour. Amour aveugle et aveuglant.
Comment Louise n’a-t-elle rien vu venir? Comment Louise n’a-t-elle rien compris? Comment Louise n’a-t-elle rien soupçonné?
Il l’a quittée, et elle en souffre.
Louise petit à petit va se remettre de sa souffrance. Cela lui prendra plusieurs années. Elle essayera de comprendre, elle essayera d’analyser, elle essayera d’oublier, elle essayera de minimiser… en fait, elle essayera de surmonter. Comme on le dit si bien, la vie continue. Et elle essaiera de vivre.
Cela lui prendra du temps. Elle deviendra méfiante. Elle ne sera plus jamais pareille. Elle ne sera plus aussi innocente ou naïve. Elle n’y croira plus, mais elle finira par conclure que rien de grave, la vie continue….
J’avais presque fini le livre lorsque j’ai appris qu’il s’agit d’une histoire vraie. Il faut dire que l’auteur décrit tellement bien sa souffrance que j’avais l’impression qu’elle ne pouvait l’avoir inventée. Pour aussi bien décrire cette souffrance, il faut l’avoir vécue.
Justine Lévy, l’auteur, est la fille de Bernard Henry Lévy, et l’histoire qu’elle raconte est la sienne. Son mari l’avait quittée pour se mettre en couple avec la maîtresse de son propre père.
Paula, l’horrible maîtresse n’est autre que Carla Bruni, mannequin, croqueuse d’hommes.
Le fait d’apprendre que cette histoire est vraie ne m’a pas gênée. Au contraire, cela lui a donné une dimension encore plus profonde à mes yeux.
Justine Lévy se confie et en même temps son livre est une thérapie. Elle a mis des mots sur ses maux. Elle a mis des mots sur ses sentiments, ses souffrances, ses ressentiments… Et peut-être est-ce une manière d’exorciser ces maux. Peut-être est-ce une manière de s’en affranchir et continuer sa route.
J’ai lu dans un article qu’il s’agit d’une autre histoire people. Non, je ne suis pas d’accord. C’est une histoire humaine tout simplement. Elle concerne des gens connus, oui, mais elle aurait pu concerner n’importe qui. La souffrance est identique que l’on soit riche et célèbre ou pauvre et inconnu.
Une trahison est une trahison. Une souffrance est une souffrance.
Et Justine Lévy a très bien su partager sa souffrance.
Justine Lévy décrit la maîtresse d’une manière impitoyable. Vengeance? Peut-être. Est-ce correct? Oui, pourquoi pas? Pourquoi n’aurait-elle pas réglé ses comptes avec Carla Bruni, la femme qui lui a volé son mari? Pourquoi ne pas dénoncer ces personnes qui marchent sur les cadavres des autres sans état d’âmes? Oui, pourquoi pas?
Ce livre a remporté le prix Littéraire Le Vaudeville et le Grand Prix Littéraire de l'Héroïne Marie France en 2004.
Je vous le conseille vivement, mais préparez des kleenex.
La première fois que mon mari et moi avions été à Istanbul, nous avions été déçus par la nourriture.
Soit nous mangions à l’hôtel, et c’était la cuisine internationale, qui bien que très bonne, nous décevait: nous voulions manger turc. Soit nous mangions dehors, et en principe, c’était l’éternel Chiche Kebab.
On nous avait invités à dîner à la Galata Tower, mais ce n’était pas génial non plus: kebab, hommos… et les danseuses du ventre!
Nous avions vadrouillé tous seuls, nous avions mangé au hasard, dans des restaurants que nous rencontrions lors de nos promenades, mais toujours nous nous heurtions au kebab. Nous avions mangé au port, mais nous avions été déçus: rien de particulier. Le port et ses restaurants, c’est un peu notre Goulette. Rien de nouveau pour nous.
Notre unique super dîner cette année-là a été dans un petit restaurant. Ce jour-là, nous nous promenions dans le quartier du Grand Bazar, et nous avions été «racolé» par un type pour manger dans un petit restaurant pour touristes.
En entrant, nous avions vu au milieu du restaurant 4 femmes assises qui faisaient cuire une sorte de malsouka. Je suppose que les plus vieux d’entre vous savent comment autrefois on faisait la malsouka, bien avant qu’elle ne soit vendue aux supermarchés. Je m’en souviens très bien, maman la faisait à la maison.
En fait, c’était la spécialité de ce restaurant. On mangeait cette feuille, qui ressemblait à la malsouka mais en plus épais, farcie au fromage, aux épinards, au poulet, à la viande… Nous en avions mangé plusieurs, c’était délicieux. Vraiment délicieux. Et surprise, lorsque l’addition est arrivée, nous avions cru à une erreur, et nous leur avions fait répéter à plusieurs reprises. Le dîner nous avait coûté 11 dollars US. Oui, vous avez bien lu, seulement 11$ US.
Cette fois-ci, je m’étais dit que j’échapperais à l’éternel kebab et que je découvrirais la cuisine turque. Idem pour mes amies. Mais découvrir la vraie cuisine turque est un vrai problème.
Le premier soir, à l’hôtel on nous a conseillé un restaurant. Nous y avons été. Il s’agissait d’un restaurant pour touristes. On nous a servi un assortiment de mezze, pareil qu'au Liban. OK, ce n’était pas ce soir-là que nous découvririons la cuisine turque.
En plat principal, il n’y a avait que du kébab. Je n’ai pas voulu en prendre, et j’ai eu raison. Mes amies ont été déçue et n’ont pas fini leurs assiettes.
Le deuxième soir, nous avons demandé l’adresse d’un restaurant turc fréquenté par des turcs. A l’hôtel, on nous en avait indiqué un que nous avons eu du mal à trouver. Les clients étaient en effet turcs, mais un coup d’œil à la nourriture et nous sommes parties. Cela n’avait vraiment pas l’air appétissant. En plus, comme l’a dit une amie, on se serait cru à la maison: gnawia, mar9et loubia, mar9et batata…
Nous sommes alors parties à l’aventure. Sur l’avenue Istiklel, nous sommes tombées sur un restaurant où une femme préparait des sortes de tabouna ou mlawiis.
Tout le dîner était turc, et tout était bon. Nous avons commandé des mantis, une sorte de raviolis turcs, avec une sauce au yaourt,
Et une sorte de crêpe, mais avec une pâte qui ressemble à de la malsouka épaisse, servie avec du borgoul
et ensuite, une sorte de tabouna très très fine et farcie. Plusieurs farces étaient proposées, nous en avons commandé à la viande et au fromage turc. C’était un vrai délice. D’ailleurs, cela a été notre meilleur dîner à Istanbul. Cela avait l’air tellement bon que j’ai oublié de prendre la photo avant d’entamer le plat. Je n’y ai pensé que lorsque la moitié du plat avait été englouti.
Le lendemain, un ami tunisien nous avait conseillé un restaurant, nous y avons été. Nous avons commandé la spécialité, et c’était juste un grand plat de grillades mixtes. Rien de bien particulier. Nous étions vraiment déçues. Je crois que ce soir-là, nous n’avons aimé que le pain!
Pour notre dernier soir, nous avons essayé en vain de trouver un restaurant qui serait l’équivalent de notre Dar El Jeld national, mais nous n’en avons pas trouvé. Dommage.
Nous sommes encore parties à l’aventure, cette fois-ci dans le quartier de Sultanamet. Nous commencions à désespérer parce que tous les restaurants que nous avions croisé proposaient l’éternel kebab. Et enfin, alors que nous n’y croyions vraiment plus, nous avons trouvé un restaurant qui offrait un plus grand choix. Il s’agit du restaurant Adonin.
Nous avons encore une fois pu manger turc. Une excellente entrée (malheureusement pas de photos, j’avais oublié d’en prendre), une sorte de Samsa au fromage. En plat de résistance, nous avons commandé des mantis,
un Patlicanli kebab, qui est une sorte de ragout aux aubergines
et un Iskender, qui est du kébab, servi avec une sauce tomate et du yaourt
Au dessert, nous avons commandé une Künefe aux pistaches.
Très bon dîner.
En nous promenant, nous avons constaté qu’à l’occasion du mois de ramadan, plusieurs pâtisseries semblables aux nôtres étaient proposées.
Je re-publie cette photo. Je l’avais prise quelques minutes après le adhane de la rupture du jeun. Les turcs ne sont pas comme nous, même pendant le mois de ramadan, ils mangent dehors. Là, ils font la queue pour acheter leur iftar.
Je ne conseillerais pas Istanbul comme destination gastronomique, mais j’ai adoré cette ville et l’ambiance de liberté qui y règne. Je crois que j’y retournerais bien volontiers.
Ramadan en Turquie. Je me demandais comment cela serait. Je sais maintenant.
Turquie, pays musulman et laïque. Je me demandais comment cela serait. Je sais maintenant.
Un pays dont la majorité de la population est musulmane mais qui est laïque. C’est génial!
Ce n’est pas comme le croient certains, ce n’est pas kofr et dépravation, ce ne sont pas non plus des gens qui ne pratiquent pas, ce n’est rien de tout cela.
Le fait que le pays soit laïque ne fait que garantir la liberté des gens. La liberté et le respect.
Chacun est libre de croire ou de ne pas croire en Dieu, chacun est libre de pratiquer ou de ne pas pratiquer sa religion. Et chacun fait ses propres choix sans craindre la pression sociale, le qu’on dira-t-on, le jugement des parents, voisins, collègues….
Le ramadan en Turquie est différent du ramadan en Tunisie. Pendant la journée, la vie est normale. Je veux dire que rien ne change. Étonnée que les magasins du souk n’ouvrent pas le soir pendant ramadan, un commerçant m’a répondu (ou rappelé) que la Turquie est un pays laïque et que donc rien ne change lors des fêtes religieuses. Il m’a répondu tout simplement et tout logiquement qu’ils ne changeaient pas leur vie lors du mois de ramadan, mais pas non plus lors de Hanoukka ni pendant Noël ou Pâques.
C’est aussi cela la laïcité dans un pays où plusieurs religions cohabitent.
Je disais donc que pendant la journée, tout fonctionne normalement. Les magasins sont ouverts, les restaurants sont ouverts, les cafés sont ouverts… et les gens font ce qu’ils veulent. Ceux qui veulent jeûner jeûnent et ceux qui décident de ne pas jeûner, ne jeûnent pas. LIBERTÉ INDIVIDUELLE.
Mais par contre, personne n’est de mauvaise humeur. Pas de « hachichette romdhane » comme on dit. Les gens sont NORMAUX. Ils travaillent normalement, ils agissent normalement… et sans mauvaise humeur, sans rouspéter, sans gémir… Ils ne prennent pas pour prétexte ramadan pour ne rien faire, ne fournir aucun effort…
Le deuxième jour, mes amies et moi nous promenions au hasard, et nous avions trouvé une mosquée. Nous y sommes entrées. C’était environ 30/40mn avant la rupture du jeûne. Plusieurs personnes faisaient la prière. Ensuite, nous sommes sorties par une porte latérale qu’empruntaient la plupart des gens. Juste à coté de la mosquée, il y avait une sorte de spectacle de rue. Des gens étaient attablés entrain de regarder. La plupart ne consommaient rien, quelques uns avaient des verres devant eux. Apparemment, ils ne jeûnent pas, mais cela a l’air de ne déranger personne. Personne ne leur fait la morale ou ne leur reproche de ne pas respecter ceux qui jeûnent. LIBERTÉ.
Imaginez cela en Tunisie. D’abord ceux qui ne jeûnent pas ne pourraient pas boire ou manger dans un lieu public, surtout juste à coté d’une mosquée, en plus, même s’ils le faisaient, les «jeûneurs» provoqueraient un énorme scandale arguant du fait qu’ils doivent les respecter eux. LIBERTÉ.
Ensuite, nous nous sommes un peu éloignées de la mosquée, nous nous sommes trouvées dans un petit parc. Des gens étaient là, la plupart ne mangeaient pas, mais quelques uns si. Pourtant ces gens avaient l’air de cohabiter en toute tranquillité. LIBERTÉ.
Des tables étaient dressées ici et là. Nous avons ensuite remarqué qu’à proximité il y avait plusieurs vendeurs de nourriture, des stands de chawarma, de sandwichs… C’est la raison pour laquelle les tables étaient dressées, les gens qui se trouvaient dans le parc mangeraient là. Quelques personnes avaient commencé à manger, mais la plupart attendaient le "adhane". Pourtant personne n'a agressé personne. Tolérance et LIBERTÉ.
A l’heure de la rupture du jeûne, les gens ne courent pas pour rentrer chez eux. Ils mangent dehors. Certains par plaisir, d’autres parce qu’ils travaillent ou parce qu’ils en ont tout simplement envie. En fait, en Turquie à l’heure de la rupture du jeune, la vie ne s’arrête pas. Les magasins restent ouverts, les bus et les taxis circulent librement, les restaurant, les pâtisseries, les cafés, mais aussi les bars… restent ouverts.
Nous avons pris le bus et nous sommes arrivées à la place Taksim juste quelques secondes avant que le muezzin annonce la rupture du jeune.
Nous avons remarqué que la plupart des gens tenaient une bouteille d’eau à la main. Cela nous avait étonné. Ensuite nous avons compris. A l’heure où le «adhane» a retenti, tous ces gens ont ouvert leur bouteille d’eau et l’on bue. Ensuite, la vie a repris son cours. Ceux qui se promenaient ont continué à se promener, ceux qui travaillaient ont continué à travailler, ceux qui s’amusaient ont continué à s’amuser… Petit à petit, certains d’entre eux se sont quand même dirigés vers les restaurants, les pâtisseries, les traiteurs… Mais ce n’était pas la ruade. Les gens y allaient tranquillement, sans hâte….
Ce jour-là, il y avait une manifestation culturelle, une sorte de défilé de jeunes. Un congrès qui réuni des jeunes de tous les pays d’Europe. Ce défilé est passé par la place Taksim juste au moment où le muezzin annonçait la rupture du jeune. Et pourtant le défilé ne s’est pas arrêté, les gens qui regardaient ne sont pas partis, il y avait pourtant des femmes voilées. L’une d’entre-elles a même aimablement accepté de nous prendre en photo.
Voici quelques photos du défilé (je rappelle qu'à ce moment-là, le muezzin était entrain d'annoncer le rupture du jeûne).
Le lendemain et le surlendemain, bien qu’il n’y avait pas de défilé, l’ambiance était la même, les gens étaient là, ils s’amusaient, se promenaient… En fait la vie est normale pendant le mois de ramadan. Plusieurs personnes nous l’ont confirmé. Les seuls plus de ramadan sont les concerts de rues (dans plusieurs quartiers, des podium sont dressés et le soir, les gens peuvent assister à des concerts), des soirées spéciales à l'occasion du mois de ramadan, une certaines ambiance dans certains cafés où les gens, après le iftar se réunissent pour regarder la TV, jouer à des jeux de société...
La laïcité a fait que la mentalité des turques est différente de la notre. Comme je l’ai dit, cela ne signifie pas qu’ils sont moins pratiquants, mais ils sont moins hypocrites, moins «coincés»… Chacun fait ce qu’il veut. Personne ne juge personne. La religion est une affaire individuelle. Et est strictement personnelle. LIBERTÉ.
Même les gens pratiquants sont aimables et tolérants. Par exemple, nous étions entrées dans un magasin tenu par un type qui portait un quamis et une longue barbe. Il était très aimable et plaisantait avec nous. Au moment de partir, il nous a même demandé de faire une prière pour lui, les membres de son village et tous les musulmans. D’après lui, un hadith dit que les prières des voyageurs sont exaucées. Un barbu de chez nous nous aurait regardées de travers parce que nous n’étions ni voilées ni couvertes de la tête aux pieds.
En fait, ce que l’on remarque à Istanbul est que la pratique de la religion se fait dans le respect des autres et avec le cœur. Les gens ont la foi et pratiquent non pas parce qu’ils ont peur du châtiment de Dieu ou du jugement des autres, mais parce qu’ils le veulent et le souhaitent.
On a l’impression que la religion chez eux est un acte d’amour et non pas d’oppression. Et j’aime cela.
Quatre jours à Istanbul ont passé à une vitesse grand V. Le voyage a été très agréable et très intéressant.
Il s’agit de mon deuxième séjour à Istanbul. La première fois, c’était en Mai 1999, mais c’était très différent. J’accompagnais mon mari lors d’un voyage d’affaires: dîners avec fournisseurs, contraintes…
Cette fois-ci, liberté totale, sans contraintes aucunes. Et cela nous a permis, mes amies et moi, de nous mélanger à la foule…
Lorsque j’arrive dans un pays dont je ne connais pas la langue, je me sens toujours un peu perdue. Il faut pouvoir se débrouiller et communiquer avec des gens qui ne vous comprennent pas et que vous ne comprenez pas.
J’ai remarqué un truc bizarre chez moi, je ne sais pas si cela est commun à tous: je me mets à parler arabe. Je sais bien que cela ne sert à rien, que personne ne me comprend, mais c’est ainsi.
Je parle arabe, on me répond en turque, et voilà… Mais cette fois-ci, il nous est arrivé à 2 ou 3 reprises de tomber sur des turques qui parlent arabe, comme quoi….
Je suis étonnée par le fait qu’en Turquie les gens ne parlent pas de langues étrangères alors qu’il s’agit d’un pays touristique. Dans les hôtels et certains restaurants, le personnel se débrouille plus ou moins en anglais, certains commerçants du grand bazar aussi, sinon les autres, rien de rien, et c’est dommage.
Ce que je trouve étonnant est aussi le fait que rien ne soit indiqué dans une autre langue que le turque. Je rappelle qu’il s’agit d’un pays touristique, la moindre des choses est que certains services ou certains endroits soient indiqués dans une autre langue que le turque pour faciliter les choses aux étrangers. Mais ce n’est pas le cas.
Notre premier jour à Istanbul a été consacré exclusivement à la visite de la mosquée bleue, du musée Sainte Sophie et du palais du Topkapi.
Dernièrement, on m’avait dit que pour visiter la Mosquée Bleue, il fallait se couvrir la tête, cela m’avait étonnée parce que je me rappelle l’avoir visitée en 1999 tête nue. Et j’avais raison. Il faut juste une tenue décente, c’est-à-dire pas de shorts, pas de ventre nu, pas de bretelles… A cet effet des châles sont fournis à l’entrée pour permettre de se couvrir. En réalité, c'est un peu plus compliqué que cela, c'est à la tête du client, un gardien ayant demandé à mes deux amies de se couvrir, alors que nous étions plusieurs à être tête nue. Ce qui a fait enrager mes amies, et m'a fait dire que les voies du Seigneur sont impénétrables!
Je vous publie aujourd’hui quelques photos de la Mosquée Bleue, j’essayerais ultérieurement de publier les photos de Sainte Sophie et de Topkapi.
J'essayerais de publier les photos de Sainte Sophie et de Topkapi le plus tôt possible. Je n'ai pas accès à Internet comme je le voudrais. Je me connecte lorsque je le peux.
Le voyage en avion a été inhabituel. Presque tout l’avion était rempli de personnes se rendant en Arabie Saoudite pour une 3omra. Rien de particulièrement bizarre la-dedans à part le fait que je me sois retrouvée au milieu de gens que je n’ai pas l’habitude de voir en vrai.
Je précise, aucun jugement de ma part. Aucun jugement, juste de l’étonnement par rapport à une situation inhabituelle pour moi.
J’ai déjà vu des hajjaj à l’aéroport en Tunisie, mais aujourd’hui c’était différent. Ce n’était pas les gens qui partent en pèlerinage que nous avons l’habitude de voir.
Je pense, si j’ai bien compris, qu’il s’agit d’un groupe de personnes résidentes en France qui vont faire une 3omra. La plupart d’entre eux étaient tunisiens et marocains, mais quelques français aussi (je veux dire français/gaulois, pas français naturalisés).
Les vieux, hommes et femmes, sont comme nos vieux. Mêmes vêtements, mêmes gestes et attitudes, pas de barbes ni niquabs, mais les jeunes étaient différents. Par jeunes je veux dire les moins de 40 ans environ.
Les hommes jeunes, y compris les français, avaient tous une barbe hirsute et portaient par-dessus leurs pantalons de très longues chemises. Je crois qu’on appelle cela des chemises afghanes. Leurs femmes portaient des niquabs noirs.
Je crois que c’est la première fois que je vois cela en vrai, et non pas à la Tv ou sur Internet. C’était étrange.
Je répète, je ne porte aucun jugement. Je raconte juste mon impression.
Une fois dans l’avion, mes voisins de droite, un vieux couple marocains, ont fait une prière silencieuse. Par superstition, j’ai trouvé cela rassurant. Je sais, certains vont sourire. Oui, je sais, c’est un peu contradictoire. Mais je suis aussi un peu superstitieuse, même si je semble être plutôt cartésienne.
Mon voisin de gauche, un homme jeune, barbu, portant sa longue chemise, a commencé par une prière en étant assis. Dès qu’il a pu détacher sa ceinture, il a fait une prière dans le couloir. Une vraie prière. Il a enlevé ses sandales, a mis un tissu par terre en guise de tapis de prière et a fait sa prière. Plusieurs rak3at. J’étais étonnée, c’est la première fois de ma vie que je voyais une chose pareille. Malgré l’exiguïté de l’avion, il a fait une prière!
Ensuite, à part le moment où il a mangé, il n’a fait que lire son Coran. J’ai regardé autour de moi, les autres jeunes faisaient pareil.
Lorsque l’hôtesse a amené le repas, il a demandé: «c’est du bœuf? ». Elle a répondu par l’affirmative. Il a reposé la question au moins 4 ou 5 fois, ensuite, il a demandé si c’était halal.
Ce monde nouveau pour moi m’a semblé irréel. Bien-sur, j’ai déjà vu des hommes barbus et des femmes portant un niquab, mais je crois que ce qui m’a semblé irréel a été d’en voir autant, en si grand nombre, dans un espace réduit. Dans tout l’avion, nous devions être une douzaine (excepté l’équipage) à être habillés en «civil».
Je le répète encore une fois, par ce que je suis sure que certains vont me sortir de grands discours, je ne juge pas. En aucun cas. Après tout, ils font ce qu’ils veulent. Mais je reste dans l’incompréhension de ce «monde».
Je ne le comprends pas c’est vrai.
Je me pose des questions. Certains penseront que je suis naïve peut-être, mais je ne comprends pas cela. Je ne comprends pas que l’on puisse passer des heures et des heures, et des jours, et des mois, voire même des années à lire le Coran, la bible, la Thora ou tout autre livre saint. Que des gens les étudient pour en dégager un sens philosophique, des connaissances historiques ou autres, je le comprends, mais lire et relire encore et encore, rien que pour lire, me dépasse.
Peut-être que ces gens ont de la chance. Peut-être ont-ils découvert une sérénité que d’autres comme moi ne pourront pas connaître. Peut-être. Je ne sais pas.
Tout ce que j’espère est que, tant que ces gens qui se consacrent à leurs religions, n’imposent pas leurs idées et croyances à autrui, puissent trouver la sérénité et le bonheur qu’ils recherchent.
Qui sait? Peut-être sont-ils les plus heureux d’entre nous?
En 1996, j’avais visité l’Institut du Monde Arabe pour la
première fois. A l’époque s’y déroulait une manifestation intitulée "Égypte : cent ans de cinéma". J’avais adoré. Il y avait autour de ce sujet,
des expositions, des projections de films, des costumes, les premiers films
égyptiens muets… Il y avait aussi une expo de superbes photos anciennes de Lehnert
et Landrock prises en Egypte…
Bref, mon mari et moi y avions passé une journée entière, et
c’était génial.
Depuis, je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner.
J’ai profité cette fois-ci pour y aller. Quelle
déception !
Rien. Il n’y a plus rien à voir à l’Institut du monde Arabe.
Juste un verre de thé en terrasse, et une petite expo de sculptures. Rien
d’autres. Quel dommage. Il parait que les États arabes ne versent pas leurs
cotisations et que l’Institut a faillit fermer ses portes.
J’ai quand même pris des photos de quelques œuvres exposées.
Cette sculpture s'intitule "Au cœur du rêve", j'ai pris en photo les deux faces. D'un coté le rêveur et de l'autre l'objet de son rêve...
Cette sculpture représente un danseur. Cela m'a étonnée, j'aurais plutôt pensé à un marin!
Dès que j’ai appris qu’un film de Yousry Nasrallah était
projeté sur les écrans parisiens, je me suis dépêchée d’aller le voir. Et je ne
l’ai vraiment pas regretté.
Je pense qu’à une seule exception, je n’ai jamais été déçue
par les films de Yousry Nasrallah, bien au contraire. A chaque fois, j’ai envie
de voir et revoir ses films, une seule vision étant insuffisante pour y voir
tout ce que Yousry Nasrallah a voulu nous montrer.
Ehky ya schahrazad ou femmes du Caire, tels sont les titres
de ce film, son titre original et son titre français, film tout récent, qui
décrit un aspect de la situation de la femme égyptienne, de nos jours, encore en 2009.
Synopsis :
Le Caire, de nos jours. Hebba et Karim forment
un couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime un talk-show
politique, mais sa pugnacité anti-gouvernementale met en danger la promotion
qu’attend son mari. Il lui met la pression ; elle promet de mettre un peu d’eau
dans son vin. Son émission troque alors la politique pour des faits divers
féminins. Le succès est immédiat : Hebba passionne des millions de spectateurs
avec des histoires vraies, pleines de surprises, de violences, de
rebondissements, les emmenant des bas-fonds du Caire à la jet-set, impliquant
des membres du gouvernement, dans un tourbillon de sensualité et d’inventivité
romanesque. Mais où s’arrête la politique, où commence la question de la
condition féminine ? Hebba se retrouve très vite en terrain miné fait d’abus,
de tromperies religieuses, sexuelles et... politiques. De conteuse, Hebba devient
elle-même une histoire.
Après avoir vu ce film, j’ai lu plusieurs articles à son
sujet, des articles écrits par des journalistes, par des critiques de cinéma,
par une blogueuse (1), (2), (3), (4), (5), (6)… Et je suis d’accord avec tous. Je vous invite à faire de
même. Bien que chacun interprète le film sous un angle divers, ils sont tous
unanimes pour en dire beaucoup de bien.
J’espère contribuer à enrichir le débat par ma propre
contribution, et cela surtout en disant: il ne s’agit pas seulement de la femme
égyptienne, mais il s’agit de toutes les femmes arabo-musulmanes, et peut-être
même de la Femme, bien
que je ne connaisse pas la situation des femmes du monde entier pour affirmer
cela.
Je me limite donc à la femme arabo-musulmane.
Je sais, j’entends déjà tous ceux qui diront : oui,
mais la femme tunisienne a dépassé tout cela et joui aujourd’hui d’une égalité
quasi-parfaite avec les hommes.
Ok. D’accord. Mais seulement sur certains plans.
Oui, d’accord, la femme tunisienne a bien plus de droits que
toutes les autres femmes arabo-musulmanes. Je sais. Je suis d’accord.
Mais dans ce film, il ne s’agit en aucun cas de droits.
La femme tunisienne est majeure comme l’homme, et
juridiquement, du moins en ce qui la concerne personnellement, elle a les mêmes
prérogatives que l’homme tunisien. Elle peut par exemple, et par elle-même,
décider de travailler, de faire des études, de voyager, de se marier, de divorcer…
sans autorisation d’un tuteur. Oui, ok, c’est vrai. Mais si on parlait de la
société, de la pression sociale et non pas de droit?
Je dirais que socialement, il reste encore beaucoup à faire.
Et c’est bien ce que montre ce film.
Dans une société sclérosée, ployant sous le poids des
traditions, où est la place de la femme?
Le film d’ailleurs, nous montre des femmes de milieux
différents pour prouver que cela touche toutes les classes sociales, pas
seulement celles qui sont défavorisées ou illettrées.
Hebba est une femme instruite. Son mari aussi. Ils sont
jeunes, beaux et riches. Ils s’entendent sexuellement. Donc, à priori, aucun
problème à l’horizon. Pourquoi y en aurait-il d’ailleurs? Si ce n’est que la
société veille.
Karim, le mari de Hébba est un lèche-bottes. N’ayons pas
peur des mots. Il veut une promotion, il veut être reconnu, mais non pas grâce
à son mérite, mais grâce à ses relations et aux courbettes qu’il passe son
temps à faire à gauche et à droite.
La relation de Karim avec ses collègues et avec ses
supérieurs est en soi un problème de nos sociétés : hypocrisie,léchage de bottes aux « waslins ». Mais
dans ce film, ce qui m’intéresse, c’est surtout le fait que Hebba est plus «propre»
et courageuse que son mari. Elle est plus intègre. Elle ne veut pas de ces
manœuvres de lèche-bottes. Elle voudrait pouvoir s’affirmer par elle-même et
par son travail, et c’est aussi ce qu’elle souhaite et conseille à son mari.
Hebba a commencé à avoir un certain mépris pour son mari,
mais sa copine la met en garde: «n’oublies pas que c’est ton
deuxième mariage, si jamais tu divorçais, que diraient les gens et quel serait
ton avenir?». Voici une injustice flagrante de nos sociétés:
un homme peut divorcer, encore et encore, il pourrait toujours se remarier,
refaire sa vie. Mais une femme?
Une femme, pourrait à la limite divorcer une fois, on
pourrait à la limite lui pardonner une fois, mais deux?
Même si elle est parfaite, même si elle ne commet aucune
faute, on le lui reprocherait: elle est divorcée. C’est une divorcée. Une
étiquette qui colle à la peau. Une tare. Attention, elle est divorcée. Quelle
maman en voudrait pour son fils?
Pourtant, Heba et Karim viennent d’un milieu censé instruit
et «moderne».
Tout est moderne chez ce couple : un appartement meublé
à l’américaine, une nourriture américaine (on les voit manger je crois à deux
reprises, et à chaque fois, ils mangent du pain de mie, des sandwichs… pas de cuisine
égyptienne).
Leurs relations de couples semblent modernes, leur façon de
faire l’amour parait moderne, et pourtant….Pourtant, lorsque Hebba a commencé à
manifester son désaccord, son mari lui a bien signifié qui est l’homme et où se
trouve la place de chacun.
Pourtant Hebba a fait preuve de bonne volonté. Elle a essayé
d’aider son mari. Bien que n’étant pas d’accord avec sa manière de vouloir
plaire à ses patrons, elle a quand même «obéi» à son mari et modifié son émission.
Lorsqu’il n’a pas la promotion escomptée, que fait-il ?
Il se venge sur Hebba, il la bat. Il manifeste toute sa
rancœur contre elle, il la rend responsable de tous ses problèmes, et c’est
l’œil au beurre noir qu’elle ira témoigner. Hébba, la femme moderne et
instruite est battue par son mari, parce que c’est ainsi. Parce que même
lorsqu’une femme est en apparence traitée sur un pied d’égalité, elle reste une
femme et doit être corrigée.
Je sais, j’ai parlé de la fin du film, mais il s’agit
d’histoires de femmes, et j’ai commencé par celle de Hebba, même si son
histoire se développe tout au long du film.
Pour faire plaisir à son mari, et aussi par crainte d’un deuxième
divorce, Hebba est d’accord pour changer le sujet de son émission de TV, et
voilà que l’occasion lui en ai offerte d'une manière inattendue.
Hebba se rend dans une parfumerie. Elle est habillée à la
dernière mode. Elle s’enquiert de la nouvelle collection de Chanel et commande
toutes les couleurs de rouges à lèvres. On comprend que Hebba est privilégiée.
Une vendeuse de cette parfumerie lui reproche le fait que
son émission ne traite pas des problèmes de tous. Comme Hebba s’étonne, la
vendeuse lui propose d’aller avec elle pour découvrir une autre réalité que la sienne.
Cette vendeuse elle-même est intéressante. Elle dit à Hebba
qu’elle est double. En effet, elle travaille dans cette parfumerie, elle est
habillée à l’occidentale, mais dès qu’elle quitte son travail, elle se voile et
vis dans les quartiers défavorisés. Hebba l’accompagne. Dans le métro, Hebba
est l’unique femme à ne pas porter de voile. Tous la regardent avec insistance.
Ils la fixent et la mettent mal à l’aise. La vendeuse ressent ce malaise et lui
donne un foulard pour qu’elle se couvre la tête comme toutes les autres femmes.
La pression sociale et le voile. Une belle image. Certaines
se voilent peut-être par choix, mais toutes les autres? Toutes les autres
le font-elles vraiment par choix?
N’est-ce pas la pression sociale qui les y oblige, cette
pression pouvant être un parent, le voisinage, un patron, ou tout simplement le
regard des autres?
Pour son émission, Hebba va donc rencontrer des femmes
différentes, et chacune va raconter son histoire.
Nous avons celle qui est resté vieille fille. Elle a fini
dans une clinique psychiatrique. Pourquoi? Parce qu’elle a refusé le
carcan social, elle a refusé le mariage à l’égyptienne (ou à
l’arabo-musulmane), elle a refusé le joug des traditions, elle a refusé la suprématie
du mâle, elle a refusé d’être l’ombre d’un homme.
Elle va à un rendez-vous. Elle écoute le prétendant énoncer
toutes ses conditions. Et à la fin, elle lui dit qu’elle accepterait toutes ses
conditions, mais qu’elle demande juste ce qu’elle aura en retour. Quoi? Elle répète: pourquoi renoncerait-elle à sa liberté, à son indépendance financière, pourquoi
est-ce qu’elle accepterait de faire le ménage, de s’occuper de la belle-mère,
de faire la cuisine…? En contrepartie de quoi? Que va-t-il lui apporter lui?
Que répond le prétendant ?
Un mari.
Une femme doit consentir à tout cela, à toutes ces
restrictions, à toutes ces obligations, seulement et uniquement pour avoir un
mari.
Mais qu’est donc un mari dans nos sociétés ?
Elle est prête à renoncer à tout cela pour avoir un
compagnon, pour avoir un amoureux, un partenaire, un prince charmant, mais… on
ne lui offre qu’un mari, qui ne remplirait aucune de ces «taches».
En fait, elle ne consentirait à tous ces sacrifices que pour obéir à la société
et jouir du statut de la femme marié. Et quel statut !
Cette femme est venue témoigner à l’émission de Hebba. J’ai
adoré lorsqu’elle a commencé son témoignage en disant qu’elle voulait parler du
voile. Hebba étonnée, lui demande s’il s’agit du voile islamique, elle lui
répond que non, qu’elle parle du voile qui couvre depuis quelques temps les
esprits des gens. Ce voile qui s’est abattu sur les cerveaux de tous les
égyptiens, hommes et femmes.
Je dirais: pas seulement égyptiens d’ailleurs!
Il y a deux autres témoignages dans le film. Je ne peux les
raconter tous. Mais à chaque fois il s’agit de femmes victimes d’hommes.
D’hommes qui profitent des lacunes de nos sociétés et s’en servent pour
tromper, bafouer, profiter, exploiter des femmes. L’oncle qui vole l’argent de
ses nièces, pourtant elles-mêmes pauvres, l’employé qui séduit les filles de
son patron décédé, le futur ministre arnaqueur…
D’ailleurs, pour ce dernier témoignage, la femme est arrêtée
pour avoir protesté et posé une simple question: sur quels critères les
ministres sont-ils nommés?
Yousry Nasrallah profite d’ailleurs de son film pour aborder
d’autres problèmes que ceux de la place de la femme dans nos sociétés. Il parle
de corruption, il parle de drogue, il parle d’hypocrisie… Et comme onle répète souvent dans ce film, tout est
politique.
TOUT EST POLITIQUE, c’est bien vrai.
Je ressens ce film comme un signal d’alarme. Attention,
mesdames et messieurs, nous avons des problèmes. Nos sociétés arabo-musulmanes
souffrent. Et un des problèmes majeurs est celui du statut de la femme, qui représente,
il ne faut jamais l’oublier, la moitié de l’humanité.
Allez voir ce film, c’est le conseil que je vous donne.
Entre temps, lisez les articles qui lui ont été consacrés.
Quand à moi, je le reverrais avec un très grand plaisir.
Paris. Je
ne sais pas pourquoi, cette fois-ci je vois Paris d’un nouvel œil. Est-ce parce
que j’ai changé de quartier ?
D’habitude
j’habite toujours dans le quartier de l’Opéra, cette fois-ci je suis du coté de
l’Etoile, pourtant, j’ai aussi habité dans ce quartier lorsque j’étais
étudiante, mais étudiante, je ne remarquais encore rien. Et puis, d’habitude,
je suis toujours entrain de courir, d’une course à l’autre, pas cette fois-ci
où j’ai tout mon temps. Je découvre…
Je
pense aussi que la blogueuse a un œil différent. J’en suis même persuadée.
Depuis que je tiens ce blog, je remarque beaucoup de choses qui passaient
complètement inaperçues avant.
D’abord,
parce que maintenant, j’ai le regard de la personne qui pense au partage.
Partager ce que l’on voit, partager des connaissances, partager des émotions…
Et
puis, grâce à vous tous, j’ai de nouveaux intérêts, de nouvelles sensibilités.
Vous m’avez appris à faire attention à certaines choses, à certains détails… et
je vous en remercie.
Je
publie aujourd’hui des photos que j’ai faites ça et là, au hasard, sans raisons
particulières, juste pour le plaisir….
(Cliquez sur les photos pour les
agrandir).
Un
bel immeuble sur la plus belle avenue du monde, du moins, c’est ce que l’on
dit :
J’ai
adoré les sculptures, particulièrement celles du balcon, on dirait de la
dentelle.
Un
autre bel immeuble au rond point des Champs Elysées :
Cette
sculpture, trouvée dans une vitrine de vêtements pour dames. Je l’ai trouvée
très belle.
L’artiste
s’appelle Iris Vargas, elle vient du Vénézuéla, où elle est née en 1953.
Elle
sculpte en taille directe le marbre et toutes sortes de pierres, en développant
mouvements et contrastes. La photo ne rend malheureusement pas justice à la
beauté de l’œuvre.
Une
photo du magasin «Au printemps». Les dorures ont été rénovées. Cela ne se voit
malheureusement pas sur la photo, mais c’était très beau et j’ai eu envie de
prendre une photo.
L’autre
soir, avec des amis, nous sommes allés manger des glaces. Je ne me rappelle
malheureusement pas le nom du glacier, mais c’est la première fois que je vois
des cornets de glace en forme de rose. C’est beau non?
C’est
bon aussi…
Je
vous publie aussi une photo sympa, je ne saurais vous dire ce que c’est
exactement. Un tableau ? Disons une composition de cravates. J’ai trouvé
cela très sympa, et j’ai eu envie de prendre une photo.
Je
termine cette note sur cette photo de l’Arc de Triomphe. Je l’ai prise hier
soir en rentrant.
- Vous avez une autorisation de quitter le territoire pour les enfants?
- Oui. Voici celle de mon neveu.
- Et celle de votre fille?
- La voilà aussi. Mais ce n’est pas normal, c’est quand même ma fille. N’ai-je donc pas le droit d’emmener ma fille en voyage avec moi?
- Vous les femmes, vous voulez tous vos droits, subissez alors les obligations.
- Justement, emmener ma fille avec moi en voyage n’est pas une obligation, c’est un droit.
- Non, c’est une obligation.
A priori, cet agent ne connaît pas la différence entre droits et obligations. Je n’ai pas discuté avec lui, après tout, cela ne m’aurait avancé à rien.
- Je trouve normal qu’on vous demande une telle autorisation.
- Pas moi. Cela peut se concevoir pour une mère étrangère car elle pourrait s’enfuir avec ses enfants, mais pourquoi pour une mère tunisienne?
- Beaucoup le font. Nombreuses sont les femmes tunisiennes qui fuient avec leurs enfants.
- N’y a-t-il pas de pères tunisiens qui fuient avec leurs enfants?
- Si, il y en a.
- Alors pourquoi leur permettez-vous de partir avec des enfants en laissant des mères éplorées en Tunisie?
- Parce que ce sont des hommes et qu’ils ont le droit d’emmener leurs enfants.
Mes papiers étaient en règles, j’avais les autorisations nécessaires et j’ai pu emmener les enfants.
Mais cette conversation avec cet agent m’a mise en colère.
On parle d’égalité entre hommes et femmes en Tunisie. Où est-elle?
De quel droit un homme peut-il emmener ses enfants hors du territoire tunisien, alors qu’une femme tunisienne ne peut pas le faire?
Pourquoi accepte-t-on que des enfants soient emmenés, parfois même définitivement, hors du territoire tunisien par leur père alors que l’on n’accepte pas qu’une femme le fasse?
Quoi que l’on dise, notre société reste quand même misogyne.
Je trouve qu’il serait plus juste de demander à tout parent sortant seul du territoire tunisien de fournir une autorisation de l’autre parent. De cette façon, on protègerait toutes les parties: les deux parents et les enfants. De cette façon, personne ne pourrait s’enfuir avec les enfants et en priver l’autre.
Cette discrimination actuelle entre le père et la mère est insupportable.
A chaque fois que j’ai voyagé avec les enfants et qu’on m’a réclamé cette autorisation, je me suis sentie diminuée. On ne me reconnaît pas à moi, mère des enfants, le droit de les emmener, alors qu’on accorde ce droit au père.
Genève. J’y suis pour 24 heures. Je ne suis pas venue à Genève depuis des années, et je ne sais pas pourquoi, à part la gare, je n’ai rien reconnu, et j’ai même eu l’impression de tout découvrir pour la première fois.
Hier, j’avais ma fille et mon neveu avec moi et je voulais leur faire découvrir un maximum d’endroits.
Le centre ville est assez petit, on peut se promener dans Genève à pieds. Nous n’avons pris le tramway que pour un petit trajet, les enfants commençaient à se fatiguer.
Surprise en arrivant à l’aéroport: les transports en bus et en tramways sont gratuits pour les touristes. Il paraît que cela est compris dans la taxe de séjour que nous payons à l’hôtel.
Nous avons commencé par la visite du centre ville. Bien-sûr, on est frappé par la propreté des lieux et surtout par la gentillesse des gens. Si vous avez besoin d’un renseignement, si vous sollicitez un vendeur dans un magasin… les gens vous aident, et très aimablement.
Nous avons visité la vieille ville. Très jolie. Mais fatigante, cela monte, descend et remonte, des pentes, des escaliers... Mais cela nous avait fait faire du sport. J’en ai encore des courbatures aux mollets!
Ce qu’on remarque dans la vieille ville, c’est le nombre important de fontaines, et toutes sont potables. Une eau fraîche et bonne. Et bien sur, des horloges un peu partout.
Dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève, il y avait hier un concert de carillons. Nous avons pu entrer jeter un coup d’œil en promettant de rester silencieux. Je ne sais pourquoi cette cathédrale m’avait fait penser au livre «Les piliers de la terre» de Ken Follet. Il faut dire que depuis ce livre, je n’ai jamais pu regarder les cathédrales de la même manière. En lisant ce livre, on se rend compte que construire de tels monuments à leurs époques était un travail titanesque qui durait souvent des dizaines d’années.
Dans la place du Bourg-de-Four, il y a la statue d’une jeune fille qui pleure. Qui est-elle? Pourquoi pleure-t-elle? Ma fille a posé ces questions auxquelles je n’ai pas su répondre. Comme elle est têtue (comme sa mère, et son père aussi d'ailleurs), elle est allée poser ses questions à une serveuse d’un restaurant de la place, qui n’a pas su lui répondre non plus. Elle s’est alors mise à la recherche d’un policier pour qu’il la renseigne, et c’est à ce moment-là que nous nous sommes aperçues que nous n’avions vu aucun policier à Genève. Aucun. Vraiment aucun. Pas de police à Genève?
J’ai aussi emmené les enfants dans un parc. Sur la pelouse, des gens faisaient des gestes bizarres. Ce n’était pas du sport, ce n’était pas de la danse, ni du yoga non plus.
Poupée toujours curieuse, me demande ce qu’ils font. Je lui réponds que je n’en sais rien. Elle s’étonne qu’ils fassent ce genre de choses en public. Je lui réponds que la Suisse est un pays libre et que les gens ne passent pas leur temps à se regarder, à se juger… Du moment que l’on respecte autrui et la loi, on est libre. Alors si on veut danser, sauter, faire du sport ou faire des gestes bizarres, on est libre de le faire.
- Ah??? Elle s’étonne mais comprend.
- Je peux le faire moi aussi?
- Tu peux le faire toi aussi.
Ensuite, elle voit un couple entrain de flirter ouvertement. Ils sont libres ceux-là aussi demande-t-elle? Oui. Ils sont libres. Et si tu fais attention, tu remarqueras que tu es la seule à les regarder, personne d’autre ne prête attention à eux.
- Tu veux vraiment dire que c’est un pays libre ici?
- Oui ma chérie. C’est un pays libre.
- Ils ont aussi ce qu’on appelle la liberté d’expression?
- Oui, ils ont cette liberté aussi.
Je sais, Poupée a des oreilles qui traînent un peu partout, et avoir une maman dont le blog a été censuré donne lieu à certaines discussions…
Vous pouvez me croire, on respire mieux dans un pays sachant que la pression sociale est inexistante, que l’on peut s’habiller comme on veut, que l’on peut manger ce que l’on veut, que l’on peut dire ce que l’on veut… sans être jugé, jaugé, critiqué, condamné, censuré, méprisé…
Au détour d’une rue, nous avons trouvé une toute petite église orthodoxe. Nous y avons pénétré. La décoration n’a strictement rien à voir avec le faste des églises russes. Pas de dorures ni de richesses excessives. Un office était célébré, cela a étonné les enfants. C’était la première fois qu’ils voyaient cela.
Le soir, nous avons dîné dans la vielle ville. Bien sur fondue de fromage et viande séchée des grisons. Spécialités du pays. Je suppose que toutes les calories dépensées lors de la visite ont été récupérées à la vitesse grand V, et je me demande si je n’en ai pas gardé quelques unes en réserve.
Saviez-vous que Jean-Jacques Rousseau était genevois?
Personnellement je ne le savais pas. Je l’ai appris hier. Par hasard, le restaurant où nous avons dîné se trouve juste en face de la maison où Jean-Jacques Rousseau est né. J’ai ainsi pu m’apercevoir que lui et moi sommes nés le même jour.
On nous avait dit que le soir, il y aurait un feu d’artifice sur le lac Léman. Nous y sommes allés. Et nous nous sommes aperçus qu’il s’agissait en réalité d’une grande fête. Je me suis renseignée, c’était la fête de Genève. Cette fête existe depuis les années 1920. Cette année, elle a lieu du 29/07/2010 au 08/08/2010. Je ne connaissais pas du tout, mais cela vaut le coup de se déplacer, alors si vous n’êtes pas loin…
Quelle fête mes amis!
Il y avait une foule immense. Des gens de tous âges. Beaucoup de touristes aussi d’ailleurs.
Il y avait des stands partout, des stands de jeux, des bars, des restaurants, certains étaient une vraie attraction, comme par exemple un bar où on servait des noix de coco. Un type avec une grande machette coupait les noix de coco, et les servait, soit nature, soit avec de l’alcool. La précision avec laquelle il coupait ces noix de coco était impressionnante. Il y avait aussi deux outrois concerts. Les gens étaient là, ils buvaient, chantaient dansaient… Le tout dans une ambiance bon enfant. Nous n’avons vu aucun, mais aucun policier, mais nous n’avons pas vu non plus de bagarres, de débordements, de personnes saoules entrain d’embêter les autres… Rien de tout cela, que des gens qui s’amusent. Et aucun policier en vue. Comment l’ordre se maintient-il avec une telle foule? Il faut croire que certains peuples sont arrivés à maturité et d’autres pas!
Si cela peut en consoler quelques-uns, en France pour le bal du 14 Juillet ou pour la fête de la musique, il y a plein de flics aussi, comme quoi…
Les enfants étaient émerveillés. Ils regardaient partout. Ils s’amusaient. Nous avons fait un tour dans la grande roue, mais comme je suis une peureuse et que je déteste les sensations fortes, j’ai refusé de faire les autres attractions. Ils iront une autre fois avec leurs pères.
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