Les commentaires à ma note Solidarité m’ont inspirés cette présente note.
Il y a environ 5 ans, c’était le mois de Ramadan. Nous avions dîné chez mes beaux-parents. Alors que nous rentrions à la maison, nous avons vu une femme de 45 ans environ, accompagné d’un petit garçon d’environ 8/9 ans. Ils étaient misérablement vêtus. Ils sonnaient à notre porte. Dès qu’ils nous ont vu arriver en voiture, ils se sont engouffrés avec nous dans le jardin par la porte du garage.
La femme était venue mendier. Elle nous a sorti le grand jeu de la misère et de la pauvreté. Elle voulait de l’argent, des vêtements… bref, tout ce que nous pouvions lui donner. Elle a tellement bien joué son rôle qu mon fils était tout apitoyé et voulait tout donner au petit garçon. Il est allé fouiller dans ses affaires pour lui donner des vêtements, une paire de baskets, des jouets… et moi, je lui avais donné de l’argent et des vêtements.
Mon fils était presque traumatisé, il n’arrêtait pas de parler de cette femme et de son petit garçon. Il n’arrêtait pas de s’apitoyer sur leur sort.
Deux ou trois jours plus tard, mon fils et moi étions en voiture. Nous étions à un feu rouge, lorsque tout d’un coup, mon fils me crie: «maman, regarde, ce sont la femme et le petit garçon de l’autre soir». C’était bien eux. Mais complètement différents. Bien vêtus. Bien coiffés. La femme portait des bracelets en or à ses deux bras (chnèchenes). J’avais enragé, mais vraiment enragé. Elle nous avait trompés. Complètement. Je ne l’oublierai jamais.
Pour répondre à un des commentaires, voici une mendiante professionnelle.
Avant cette histoire, comme la plupart des gens, je donnais en fonction de mon humeur.
J’ai toujours vu mes parents donner. Mes grands-parents aussi. Mais je les voyais toujours donner à des gens vraiment nécessiteux, qu’ils connaissaient, ou à travers des organisations, associations… sérieuses. Et j’ai décidé de faire comme eux.
Ce que je vais dire est totalement subjectif. C’est juste mon avis, et ne concerne que moi. D’ailleurs mon mari n’est pas vraiment d’accord avec moi, parce que justement, il trouve cela très subjectif. Mais je ne demande à personne de faire comme moi. Mes choix ne concernent que ma personne.
Je crois en la devise «aide-toi, le ciel t’aidera».
Je ne donne plus à une personne valide et en âge de travailler. Les petits boulots existent. Ces gens-là n’ont qu’à travailler.
Par contre, j’aide autant que possible les personnes qui travaillent, mais qui n’arrivent quand même pas à joindre les deux bouts.
Le meilleur exemple est une femme de ménage dans nos bureaux. Cette femme doit avoir à peu près mon âge. Elle travaille avec nous du lundi au vendredi. Samedi et dimanche, elle fait des ménages chez les gens. Elle fait aussi du repassage chez elle le soir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette femme fait tout ce qui est dans son pouvoir pour s’en sortir. Elle mérite donc qu’on l’aide.
La première fois que je l’ai aidée, c’était il y a de nombreuses années. Elle a une petite fille d’à peu près le même âge que mon fils. Et cette fille avait les mêmes problèmes de santé que mon fils. J’en avais entendu parler au bureau. Un jour, je l’ai appelée pour essayer de comprendre son histoire. Sa fille m’avait fait de la peine. Elle passait son temps à l’hôpital. Elle était mal soignée. C’est une réalité, la santé privée est de bien meilleure qualité que la santé publique en Tunisie. J’avais pris en charge sa fille pendant un certain temps. Je l’avais faite traiter par le même pneumo que mon fils.
Ensuite, j’ai pris l’habitude de lui donner des vêtements… de l’aider à chaque fois que cela était possible. Parfois même juste en écrivant pour elle une demande de prêt ou en remplissant pour elle des formulaires.
Pourquoi elle, alors qu’elle a déjà un salaire et que d’autres ont plus besoin qu’elle d’aide? Parce qu’elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour s’en sortir et qu’elle mérite l’aide qu’on lui donne.
Elle aurait été fainéante et aurait passé son temps à geindre, cela aurait été différent….
Depuis l’histoire de la mendiante professionnelle, je ne donne plus aux mendiants qui sonnent aux portes ou qui s’amassent aux feux rouges, devant les épiceries, devant les marchés… sauf s’ils sont handicapés ou très vieux, donc incapables de travailler.
J’essaye de donner en étant sûre que ce que je donne ira vraiment à des gens dans le besoin. J’aide donc souvent des gens que je connais.
Nous connaissons tous des gens dans le besoin, des gardiens, des femmes de ménages, des ouvriers… Mon aide va en priorité à ces gens-là.
Il y a quelques années, je donnais des jouets à l’hôpital des enfants. Ensuite, j’ai arrêté. Ils ne sont pas organisés pour. Il parait que le personnel se sert bien avant les enfants. Je trouve cela horrible.
En fait, maintenant, je donne surtout à SOS Villages Gammarth. Cette association me parait sérieuse. Je n’ai jamais entendu dire que les dons n’arrivaient pas jusqu’aux enfants. J’espère que cela est vrai.
J’essaye de faire des collectes de vêtements et de jouets auprès de mes amies, sœurs, cousines… et je les leur donne. A deux reprises je crois, j’ai emmené mes enfants avec moi pour qu’ils voient «un autre monde», pour qu’ils se rendent compte que certains souffrent, et n’ont pas eu la chance d’avoir une famille, un toit…
C’est vrai que finalement, la solidarité est très subjective. Et chacun fait ce que bon lui semble.
et avec ça, tu trouve encore le temps de travailler, de t'occuper de ta famille, de lire plein de livres, et surtt de blogguer? ha bein chapeau mdame!
Rédigé par : mbenji | 10/01/2008 à 20:39
Comment choisir ? C'est une question difficile auquelle j'avais du mal à répondre.
Je suis d'accord avec tes critères : aider les personnes qui essaient de s'en sortir ou celles qui ne sont pas en mesure de travailler en raison de leur état de santé ou de leur âge.
Ton article m'aidera dans l'avenir.
Rédigé par : Cisseron | 10/01/2008 à 21:00
@ mbenji:
Merci bien, mais je ne pense pas faire des choses extraordinaires. Et dieu merci, j'ai de la chance, je n'ai pas à me préoccuper des tâches ménagères, ou du moins, de très peu de tâches ménagères.
@ Cisseron:
Ma note est très subjective, comment peut-elle t'aider?
En plus, il y a des différences entre les sociétés française et tunisienne. En France, il y a un vrai problème de chômage, et il y a beaucoup de SDF qui n'arrivent vraiment pas à s'en sortir, du moins à ma connaissance.
Chez nous, je pense qu'il y a toujours moyen de trouver du travail. Il suffit de vraiment le vouloir.
Rédigé par : Massir | 10/01/2008 à 23:35
Ca me rappele le reportage d'une chaine française consacrée aux fameux mendiants roumains .Cette chaine s'est débrouillé pour retrouver ces mendiants chez eux . Ils avaient tous des villas 3 étages en pleine construction .
Depuis on ne les voit plus aux intersections ou très rarement .Il se sont rabattus sur la générosité musulmane, eux ne regardent pas les reportages .Ces prétendus mendiants pullulent aux portes des mosquées . Ils ont appris les quelques mot nécessaire comme " esalem 3likom "et ça marche pour eux . Le problème c'est que les vrais nécéssiteux, ceux qui ne réclament pas et qui se tiennent à l'écart sont privés de cette manne vitale .
Rédigé par : zouali | 11/01/2008 à 02:19
Ta note est une bonne aide lorsque l'on est confronté à une personne qui te demande de l'argent car, sachant que l'on ne peut pas donner à tout le monde, elle invite à aller au-delà de l'émotionnel et à agir en fonction de critères de décision objectif (comme la capacité à travailler) même si ces critères sont personnels à chacun.
Concernant la France, il y a, hélas, un vrai problème de chômage. Mais celà n'empêche pas d'avoir des critères de décision, comme la facilité à retrouver un emploi. Un jeune SDF de 25 ans a surtout besoin d'être orienté vers une structure d'aide alors qu'un vieux SDF de 60 ans n'a plus que ton geste pour avoir le sentiment d'exister encore.
Rédigé par : RE: massir | 13/01/2008 à 21:23
@ Cisseron:
Oui, on peut voir les choses sous cet angle!
Rédigé par : Massir | 14/01/2008 à 11:42
tu sais quoi? tout ça est un peu facile....on est qui pour juger de qui mérite et de qui ne mérite pas?? Qui a besoin? qui n'a pas besoin? si tu ne veux pas aider tu ne donnes rien mais si tu donnes....tu te tais et tu ne juges pas! Toujours pas de réponse à "c'est quoi un mendiant professionnel?"
Rédigé par : siams | 14/01/2008 à 15:06