Hier, je suis allée à l'UTICA pour participer à un atelier avec d'autres blogueurs et avec des personnes travaillant dans des associations.
Au déjeuner, un homme que je ne connais pas et qui partageait notre table s'est mêlé à la conversation. J'étais avec un membre du Front des Associations Tunisiennes. Nous parlions des associations, de leurs actions...
Cet homme nous a appris qu'il était impliqué dans la vie associative à travers deux associations. L'une d'elle s'occupe d'une pouponnière qui essaye d'aider les mères célibataires et les bébés abandonnés.
Cette association s'occupe donc de bébés de 0 à 2 ans, et essaye autant que possible de les réintégrer dans leurs familles biologiques en aidant la mère.
Je lui avais demandé ce qu'il pensait des déclarations de Rached Ghannouchi en ce qui concerne l'adoption, et qu'elle ne fut ma surprise d'apprendre que ce discours avait déjà eu des répercussions graves sur la vie de ces petits enfants.
Cet homme nous a appris que depuis les déclarations de Rached Ghannouchi qui a parlé de ces enfants comme de "la9it" et des déclarations de Souad Abderrahim en ce qui concerne les mères célibataires, les employés de la pouponnière vivent dans une peur permanente et particulièrement la nuit. Ces employés ont peur d'agressions.
En plus, les aides ont presque disparues. Les bénévoles ne viennent presque plus et les aides matérielles se sont arrêtées.
Les bénévoles ont peur du qu'en dira-t-on et ne veulent plus aider des "la9its" et des femmes célibataires.
Pour ce qui est des dons, il parait que beaucoup de gens en donnaient en pensant faire leur devoir de zaket, et suite aux déclarations de Ghannouchi, ces gens ont compris que c'était hram et ne donnaient donc plus. De même pour les bénévoles qui pensent maintenant qu'ils sont entrain d'aider au hram.
Par ailleurs, il y a des gens qui s'intéressent aux petits orphelins dans l'espoir d'en adopter un. Lorsque cet espoir n'existe plus, ces gens ne viennent plus.
Les mères elles-mêmes ont peur. Il parait qu'elles passent leur temps à pleurer et à craindre d'être emprisonnées.
Cet homme nous disait que toute personnalité politique devrait réfléchir aux conséquences de ses paroles avant de dire quoi que cela soit.
C'est vrai.
Rached ghannouchi et Souad Abderrahim auraient du réfléchir profondément avant de lancer de telles paroles.
Mais je suis quand même choquée. A ce point le tunisien est influençable? A ce point des déclarations pareilles peuvent modifier leurs comportements en un temps aussi court?
Mon ami a confirmé tout ce qui a été dit. En effet, il m'a raconté que la semaine dernière, il y avait eu sur facebook l'appel au secours d'une autre association qui s'occupe de petits orphelins et que son association l'avait contactée pour les aider. Et cette association leur avait dit la même chose que ce monsieur. Cette association n'avait même plus de quoi acheter des couches et du lait pour les bébés parce que les bénévoles et les dons ne venaient plus. Et il a fallut les dépanner. Mais que va-t-il se passer à l'avenir?
Pourquoi?
Pourquoi tout cela?
Pour répondre à des soi-disant critères de bonne conduite et de bonne morale?
Les mères célibataires et les bébés abandonnés existent partout, dans les pays du monde entier. Les stigmatiser ou les rejeter ne résoudra aucun problème.
Par ailleurs, même si on pouvait faire des reproches aux mères, que peut-on donc reprocher à ces petits bébés? De quoi sont-ils responsables? Pourquoi devraient-ils subir les conséquences des actes d'autrui?
Si on veut combattre un tel phénomène, ce n'est surement pas par le rejet ou la stigmatisation.
Jeudi 1 décembre, j'ai passé une très grande partie de ma journée au Bardo en solidarité avec le rassemblement des universitaires.
Lorsque je suis arrivée, il y avait énormément de monde. A mon habitude, je m'étais promenée parmi les manifestants. J'avais ainsi pu remarquer quelques visages connus, dont ceux de certains élus. La grosse majorité des revendications de ces gens concernaient la fac.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
J'avais aussi vu les tentes dressées par les sit-inners: des membres de Doustourouna, des citoyens venus du bassin minier, des membres du Mouvements du 24 Octobre, et d'autres.
Ces associations/mouvements réclament en fait ce pour quoi la révolution a été faite: liberté, dignité, démocratie, travail...
La crainte est de voir la dictature revenir à petits pas. Et les évènements de ces derniers jours ne sont pas vraiment de bonne augure. Il faut vraiment veiller à la nécessité de la séparation des pouvoirs, au refus du cumul des pouvoirs entre les mains du chef de Gouvernement ou celles d’un parti et la retransmission des délibérations de l'assemblée en direct sur une chaine de TV, et toujours insister pour inscrire le code du statut personnel dans la constitution.
Par la suite, toujours à mon habitude, j'étais allée me mêler à la foule, parler avec les uns et les autres, écouter les débats...
Des gens à tendance islamique étaient présents. Ils étaient eux aussi mêlés à la foule.
Le sujet principal de discussions était bien-sûr le niquab. Comme quoi Samir Dilou qui avait dit qu'il fallait ouvrir un débat national à ce sujet avait été écouté! Certains sont pour, d'autres contre.... Liberté individuelle. Liberté académique. Obligation religieuse. Mode wahhabite. Mais la plupart des discussions étaient pacifiques (à ce que j'ai vu).
Ce qui m'avait frappée, c'est le récit de certains médecins. Ils ont raconté les problèmes rencontrés dans les hôpitaux à cause de cette histoire de mixité et de niquab... Certains malades refusent d'être soignés par des gens du sexe opposé, ce qui donne lieux à des situations inextricables. Et le pire est que parfois cela dégénère, certains patients ne comprenant pas que parfois il est impossible de trouver une femme pour soigner leur femme ou un homme pour s'occuper d'eux. Il parait que parfois le ton monte et des esclandres sont de plus en plus fréquents. Comment résoudre ces problèmes? Va-t-il falloir, pour en satisfaire quelques uns, créer des hôpitaux pour femmes et des hôpitaux pour hommes? En avons-nous les moyens? Idem pour les écoles, les lycées, les transports publics....
Alors que je partais, je m'étais retrouvée dans un groupe de discussion, je ne me rappelle même plus comment. J'étais seule face à des nahdhaouis (ce sont eux qui me l'ont dit, ce n'est pas écrit sur leur visage). Et puis d'autres personnes "modernistes" étaient arrivées. Cela se passait très bien. Je pense que nous avons du passer au moins une heure à parler.
C'était très bien. Bien que chacun défendait bec et ongles ses idées, cela se passait dans le respect. Pas de violence, pas de grossièretés, pas d'injures... Nous étions des gens bien élevés qui discutaient ensemble.
Mais. Mais il y a toujours un mais. A leurs théories théoriques, nous opposions des arguments pratiques, et surtout logiques. Nous ne discutions pas religion, mais comment vivre ensemble en société. Et certaines de leurs demandes sont plutôt très très difficiles à mettre en œuvre en Tunisie, surtout par manque de moyens financiers, comme justement cette demande d’hôpitaux réservés aux hommes et hôpitaux réservés aux femmes (vous imaginez les frais s'il fallait tout faire en double!!!). Nous avions discuté de libertés, de liberté d'expression, de refus de la violence... Et ils étaient d'accord, bien que parfois en leur donnant des exemples concrets, ils "coinçaient" un peu... Mais bon, cela se passait relativement bien.
Et tout d'un coup, l'un d'entre eux nous regarde et affirme que de toute façon, ce sont eux, les vrais musulmans, qui commanderont et que nous, musulmans de seconde catégorie, n'aurons qu'à obéir aux ordres. Je lui avais fait répéter et il avait affirmé que oui, nous n'aurons qu'à exécuter les ordres et que toutes ces discussions étaient inutiles. Avec les mains, il a mimé un avion et nous a dit en nous narguant: "Vrommmm, l'avion et allez-vous en. La Tunisie est à nous!" Et il a continué à faire ses gestes.
Je l'avoue, et méa culpa, j'avais perdu le contrôle. J'avais hurlé. Je me demande s'il y avait une personne au Bardo qui ne m’avait pas entendue hurler de toutes mes forces. J'avais hurlé que nous étions 12 millions de Tunisiens, et qu'il n'est pas question qu'un citoyen quelconque ait le moindre milligramme de droits de plus qu'un autre citoyen. Je l'avais hurlé et re-hurlé. Et tous doivent comprendre: plus aucun citoyen tunisien ne doit avoir un droit de plus qu'un autre citoyen tunisien.
Et je suis partie. J'avais quitté. Et le plus drôle est que je ne m'en étais même pas aperçue. Cela n'avait pas été une décision. Je m'étais juste retrouvée entrain de hurler et de quitter ce groupe.
Je me suis moi-même posée des questions. Pourquoi ai-je réagis de cette manière?
J'avais perdu patience.
Mais je pense aussi que c'est parce que cela m'avait rappelé une discussion qui avait eu lieu il y a quelques mois, plus précisément en mai 2011. Je participais à une table ronde dont l'invité d'honneur était Lotfi Zitoun de la nahdha. Cette rencontre m'était restée en mémoire.
M.Lotfi Zitoun nous avait parlé pendant environ 3 heures. Il avait été génial. Très poli, très posé. Très sincère aussi je pense sur certains sujets. Et même de bon conseil parfois.
J'avais beaucoup apprécié cette discussion avec cet homme. Et contrairement à deux ou trois autres personnes de la nahdha que j'avais rencontré ça et là, celui-là m'avait presque convaincue. Il était très logique, très perspicace. Et franchement, il m'avait fait entrevoir des aspects de la nahdha et des ses sympathisants que je ne connaissais pas.
Mais (encore un mais) il y avait quand même eu un "clash" lors de cette discussion. M.Zitoun après nous avoir expliqué en long et en large que la Tunisie restera "civile" et que tous les acquis, et en particulier ceux de la femme seront préservés... (je sais, ils disent tous cela, mais lui l'avait dit d'une façon bien plus convaincante) nous avait sorti une "énormité". Il nous avait dit qu'il fallait savoir qui étaient les vrais musulmans, sachant que toute personne qui se disait musulmane ne l'était pas nécessairement et que pour être un vrai musulman, il fallait le vouloir très profondément et dire la chahada du plus profond de son être.
Ah oui? Qui peut donc juger du degré "d'islamité" d'une personne? Et pourquoi? Dans quel but?
Et là... je ne vous raconte pas. Clash de chez clash. J'avais attendu la fin de la réunion pour lui répondre que dans un "État civil", tous les citoyens étaient égaux et que la foi et les croyances étaient strictement personnelles. Et que justement ce qu'il venait de dire là faisait tomber tout ce qui avait précédé dans l'eau. Personne n'avait le droit de juger les croyances des autres, ou les remettre en cause, ou les quantifier... La religion reste du domaine strictement privé et personnel.
Voila. je n'avais jamais oublié cet incident. Il était resté dans un petit coin de ma tête. Il résonnait de temps en temps. Comme un signal d'alarme. Attention. Attention. Attention. Les discours même les plus beaux et les plus convaincants peuvent cacher des "catastrophes".
Nous sommes tous citoyens tunisiens ÉGAUX. Il n'est pas question d'accepter une hiérarchie quelconque entre les citoyens tunisiens.
Ce que TOUS devraient comprendre, est que nous sommes tous tunisiens égaux et que nous sommes "CONDAMNES" à vivre ensemble, bon gré mal gré, et qu'il faut donc impérativement trouver le moyen de le faire pacifiquement.
Pour voir toutes les photos, il faut aller sur ma page facebook, ici.
Hier, je suis allée au rassemblement qui a eu lieu au Bardo à l'appel de plusieurs associations et mouvements, à l'occasion de la séance inaugurale de l'assemblée constituante.
J'ai malheureusement été coincée dans la circulation et je ne suis arrivée que vers 10h45 je pense.
A mon arrivée, il y avait déjà un monde fou. Certains avancent les chiffres de 3000/4000 personnes. Peut-être bien. Et peut-être même plus, parce que certains venaient, d'autres partaient.
Les gens étaient plus ou moins organisés par groupes, associations, revendications...
Les premiers que j'ai vu sont Amnisty International. Cela m'a rappelé qu'en décembre 2010, j'avais été à leur bureau au centre ville à Tunis, et qu'on m'avait raconté leurs conditions de travail et la pression permanente que cette organisation subissait. Les voir à la lumière, entrain de manifester dans un endroit public était une belle surprise.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Je suis arrivée juste quelques minutes avant M.Ahmed Nejib Chebbi qui a été pratiquement ovationné. J'ai essayé de le prendre en photo, mais je n'y ai pas réussi.
Ensuite, je me suis promené ça et là, j'ai pris des photos, j'ai écouté quelques personnes.
Il y avait toutes sortes de revendications. C'était assez hétéroclite. Mais l'ambiance était saine. Du moins au début.
Comme le montrent les photos, les revendications étaient vraiment diversifiées. Les citoyens étaient là pour demander la/les libertés, la justice, l'emploi, l'indépendance par rapport aux pays étrangers, l'indemnisation des victimes de la révolutions, les droits des femmes, les droits des enfants, des médias libres et indépendants, des élections libres et transparentes.... Bref, le rassemblement reprenait en gros les revendications de la révolution. Pour résumer: LIBERTÉ - DIGNITÉ - JUSTICE - CITOYENNETÉ - JUSTICE SOCIALE.
A un certain moment, des sympathisants de la nahdha, et même l'un de ses dirigeants (je ne me rappelle pas son nom, mais je l'ai déjà rencontré avec Ajmi Lourimi) sont arrivés. Tant mieux. Cela peut en étonner certains, mais j'adore cela parce que cela permet des discussions intéressantes, avec des points de vues complètement opposés parfois. J'adore lorsque bien-sûr le respect est mutuel et que les discussions sont "pacifiques". Ce qui devrait être la règle. Il faut que nous tous, puissions nous parlez dans le respect total.
Je me suis donc promenée d'un groupe à l'autre. Juste pour écouter parfois, ou pour participer d'autres fois.
Je peux vous dire que cela discutait. De sujets divers. Par exemple de mères célibataires. C'est du moins la discussion la plus houleuse à laquelle j'ai assistée. Ce qui est dommage, c'est que parfois on sent qu'il y a une désinformation monstre. Et la rumeur a la peau dure parfois.
Ce que je trouve dommage en ce qui concerne ce sujet précisément, est que la plupart des gens en entendant parler de mères célibataires ne pensent que femmes "perverses" et oublient très souvent les victimes. Les victimes de viols, d'agressions et même les victimes de leurs ignorances ou de la société.
Un autre groupe parlait de tenues vestimentaires. Ce que j'ai trouvé étonnant, c’est la réaction d'une femme voilée. Elle était là pour la défense des droits des femmes. Elle m'a raconté qu'elle est voilée par conviction. Elle avait pris cette décision par elle-même sans aucune pression d'aucune sorte. Elle était d'ailleurs accompagnée de sa fille, jeune femme non voilée. Cette dame était tellement en colère. Elle a dit à un certain moment: "wallah, wallah, si jamais un jour le voile devenait obligatoire, wallah je l'arrache de suite et le jette. Moi qui l'ai porté par conviction, je l'enlèverais". Elle était émouvante dans sa colère.
Une autre discussion à propos de la tenue vestimentaire avec un papi qui portait cette pancarte:
Je l'avais remarqué et j'avais été lui demander ce qu'il voulait dire par sa pancarte et s'il s’adressait à un parti particulier. Sa réponse est que sa pancarte s'adresse à tous. Tous sans exceptions. Tous ceux qui trichent. Mais ensuite, la discussion a dévié sur le voile à cause d'une vielle mamie qui avait abordé ce sujet. Elle disait que c'est une obligation religieuse, il avait dit que non. Ensuite, il nous a regardé (nous étions environ 3/4 femmes non voilées à discuter avec lui) et nous a dit que nous étions si smè7 (mignonnes) et vraiment décentes telles que nous étions! :-)) Gentil le papi.
Pas loin de ce papi, deux tunisiennes noires revendiquaient l'égalité entre les races. L'une d'elles portait cette pancarte:
Un jeune homme était étonné par cette revendication et est allé leur poser des questions. Et elles nous ont raconté. Elles nous ont raconté le racisme des tunisiens. Elle nous ont raconté le racisme des Tunisiens envers leurs frères tunisiens. Elles nous ont raconté le racisme des tunisiens blancs envers leurs frères tunisiens noirs. C'était étonnant et épouvantable. Nous ne connaissons pas ou nous ne voulons pas connaitre ce genre de racisme en Tunisie, pourtant il existe.
Tout d'un coup, mon attention a été attiré par des cris. Je suis allée voir. Il s'agissait de Sofiène Ben Hamida. Il était venu et avait été agressé. Des gens lui criaient de dégager, d'autres l'insultaient. Mme Zeyneb Farhat et d'autres essayaient de le protéger.
Cela devenait insupportable et certains lui ont conseillé de s'en aller pour que cela ne dégénère pas. Ce qu'il a essayé de faire. Mais sur son chemin, il a malheureusement été agressé encore plus violemment, et certains en sont venus aux mains. L'agression verbale s'est transformée en agression physique. SBH était proche d'une voiture de police, mais les policiers ne faisaient que regarder sans intervenir. Une femme d'environ 55/60 ans est allée leur parler. Elle était en colère et leur criait de faire leur travail. Elle leur a dit que c'était normal que les tunisiens ne les aiment pas puisqu'ils ne les protégeaient pas et se contentaient de regarder.... Bref, elle a enfin réussi à les faire bouger. Ils ont alors essayé de protéger SBH et de l'escorter loin pour qu'il puisse s'en aller.
Je déplore et condamne fermement cette agression et toutes agressions. Je suis contre la violence. Je trouve vraiment dommage que cet incident ait eu lieu. Normalement, tout citoyen a le droit d'occuper l'espace public et de s'exprimer librement. Je dis bien tous. Tous les citoyens. Je signale au passage que le membre de la nahdha dont j'ai parlé plus haut essayait de calmer les gens et s'opposait aux agresseurs.
Personnellement cette agression est la seule à laquelle j'ai assisté hier. Mais on m'en a raconté une autre. Celle de Souad Abderrahim. Que je condamne aussi fermement.
Je ne connais pas les détails puisque je n'y étais pas. Certains disent qu'un homme lui aurait tiré les cheveux. D'autres disent qu'en réalité, il s'agit d'une mère célibataire.
Sur facebook, il y a le témoignage de Mme Zeyneb Farhat qui nie ou nuance cette agression:
Témoignage: lors de son arrivée aujourd'hui, à pied, pour se rendre à la &ère séance du CS au Bardo, Souad Abderrahim a été prise à parti par une femme qui s'est jetée sur elle en pleurant ! Nous avons tiré cette dame en arrière en protestant fortement ! Nous avions hué Souad Abderahim quant à ses positions rétrogrades et son insulte aux longues années de militantisme pour les Droits des Femmes MAIS NUL-le n'a le droit de porter atteinte à l'intégrité physique de qui que ce soit !!!
La seule vidéo que j'ai trouvée, toujours sur facebook semble corroborer ce témoignage, bien qu'elle ne soit pas vraiment explicite.
Sur Internet, certains semblent dire que cette agression est une comédie. Ils trouvent étonnant que Souad Abderrahim soit la seule à être venue à pieds, alors que tous les autres élus sont venus en voiture. Ils trouvent aussi étonnante la crise d'hystérie de cette femme avant l'arrivée de SA, et la manière dont elle s'est donnée en spectacle, peut-être juste pour attirer l'attention. Et la facilité qu'elle a eu à traverser le cordon de sécurité.
Y-a-t-il eu agression ou pas? Je ne sais pas. Quoiqu'il en soit, je le répète, je condamne fermement toutes agressions et violences. Et je suis contente de constater que la grosse majorité de mes amis a aussi fermement condamné cet acte.
On m'a raconté qu'un huissier notaire pro-nahdha (?) se promenait parmi les gens pour relever les "atteintes" à la nahdha. Cela me fait sourire. Ce huissier aurait pris la photo de cet homme et de sa pancarte pour porter plainte contre lui:
Le "phénomène" Jalel Brick était aussi représenté hier:
Bref, que c'est beau de pouvoir exercer librement sa citoyenneté. J'espère que cela durera à l'infini. Pouvoir s'exprimer, pouvoir protester, pouvoir manifester.... Et surtout s’approprier l'espace public. S’approprier son propre pays. S'approprier sa Tunisie.
Je me rappelle que lors de ma première manif sur l'avenue Habib Bourguiba, je pleurais. Oui je pleurais parce que de ma vie, je n'aurais jamais cru qu'un jour, je pourrais marcher au beau milieu de la rue et manifester. Et depuis, ce miracle s'est répété à plusieurs reprises.
L'espace public est à nous Tunisiens. A nous les citoyens. Et personne ne pourra plus nous l’arracher ou nous le voler.
La Tunisie est à nous, son peuple, ses enfants. Nous tous.
J'espère juste que nous trouverons un moyen d'y vivre tous en bonne entente, sans dictature, sans discriminations, sans exclusions....
Demain, Nabil Karoui et deux autres personnes vont passer devant la justice pour avoir diffusé le film Persépolis à la TV. Ce film a pourtant eu un visa d'exploitation du Ministère de la culture et a été projeté plusieurs fois au cinéma et dans les maisons de la culture, et cela avant et après la révolution. Ce film est en vente dans les vidéothèques en tunisie. Je l'ai moi-même acheté il y a deux ans. Et tout d'un coup ce film est devenu sacrilège!!! Ce film a aussi été projeté à Abou Dhabi lors d'un festival de cinéma. Je me demande si les Emiratis sont de bons musulmans puisqu'ils ont diffusé ce film.
Par ailleurs les gens qui ont agressé, cassé, violé le domicile privé, violenté une femme... n'ont été condamnés qu'à 9d600 d'amande. C'est beau un Etat de droit!!!! Justice mon oeil!!!!!
C'est ce que j'appelle la dictature. Et la mort de la liberté d'expression.
Update (17/11/2011 à 12h45) : l'audience a été reportée au 23 janvier 2012.
M.Hamdi Meddeb s'est permis d'inviter M.Samir Dilou et M.Ajmi Lourimi au dernier match de l'EST. Mais où les a-t-il invités? Dans la loge qu'occupait Slim Chiboub.
Ces messieurs ont accepté l'invitation et sont venus au stade accompagnés de leurs épouses.
Mais seulement, ce geste n'a pas été apprécié par tous. Non pas parce qu'il s'agit de ces deux messieurs en particulier, mais pour le geste en lui-même.
Un citoyen, sympathisant de l'EST est allé leur parler. Il leur a dit qu'il n'était pas d'accord qu'ils occupent cette loge gratuitement. Il leur a expliqué que la révolution a justement mis fin à ce genre d'agissements. Plus de privilèges pour personne. Il leur a aussi dit que dorénavant le sport et la politique devraient être séparés. Les politiques n'ont plus à se mêler du sport. Il leur a gentiment expliqué son point de vue. D'après lui, s'ils étaient présents à titre personnel, ils devaient payer leurs places comme tous les autres spectateurs, et s'ils étaient là à titre officiel et représentants de leur partis, ils devaient aller à la tribune d'honneur avec les autres officiels.
Messieurs Lourimi et Dilou ont été très corrects. Ils ont compris ce point de vue et ont quitté la loge.
Pourquoi est-ce que je vous raconte cette anecdote?
D'abord pour dénoncer la 9offa et ensuite pour que les erreurs du passé ne se renouvellent plus.
Malheureusement, en 23 ans, nombreux sont ceux qui se sont habitués à la 9offa. Iddiniya ma3 il wa9if dit-on. Et depuis le 23 octobre, nous avons vu bien des retournements de veste et bien des 9affèfa. Surtout bien-sûr, les mauves qui sont devenus les plus grands révolutionnaires pendant 9 mois, et qui aujourd'hui se transforment en nahdhaouis.
On dit qu'on veut rompre avec le passé et la corruption. C'est bien, mais il faut donc rompre avec ces sales habitudes de 9offa et de tentatives de corruptions.
Et puis, rappelez-vous Ben Ali. Au début de son "règne", c'était pareil. Les 9affèfas avaient fait de même et petit à petit, le pouvoir lui est monté à la tête et il n'a plus connu de limites. L'ivresse du pouvoir finit corrompre.
Il ne faut plus commettre les mêmes erreurs aujourd'hui. La 9offa doit s'arrêter et les nouveaux gouvernants, quel qu’ils soient, ne doivent pas tomber dans ce piège et ne doivent pas laisser le pouvoir leur monter à la tête et les éloigner des objectifs de cette révolution. Ils se doivent de refuser tout privilège ou passe droit d'où qu'il puisse provenir.
Aujourd’hui, j’ai préféré aller à l’AG organisée par le FUT concernant les agressions qui ont eu lieu au sein des établissements universitaires. Mais l’une des femmes organisatrices de l'action de la Casbah (cliquez ici et ici) est venue nous rejoindre après le RDV avec M.BCE.
Voici ce qu’elle a raconté : Pendant que des femmes manifestaient pacifiquement à la place de la Casbah, une délégation de femmes est allée à la rencontrer M.BCE. Actualité oblige, ces femmes avaient demandé à une enseignante universitaire, membre du syndicat des enseignants universitaires, de se joindre à elles, ce qu’elle a fait. C’est cette dernière qui a parlé. Elle a commencé par exposer les problèmes que rencontrent actuellement les femmes (enseignantes et étudiantes) au sein des établissements universitaires, elle lui a raconté les agressions aussi bien verbales que physiques, les problèmes de sécurité qui se posent… Elle a ensuite demandé à M.BCE de les aider aussi bien en ce qui concerne ce problème précis, qu'en ce qui concerne la préservation des droits des femmes tunisiennes, en particulier en les faisant inscrire dans la nouvelle constitution. Il parait que M.BCE les a un peu rassurées toutes, tout en leur recommandant de se mobiliser encore plus et de rester très vigilantes.
Bon, à priori, ces femmes n'ont encore commis aucun délit ni crime.
Attendons donc avant de les condamner encore plus!
Peut-être que je suis trop naïve, mais je préfère présumer de la bonne foi des gens, et surtout, je préfère ne pas condamner avant d'avoir des preuves. Pour en revenir à la réunion des femmes d'hier, comme je vous le disais le texte présenté était nul et j'avais proposé l'aide d'un ami juriste pour le réécrire en gardant les mêmes idées. J'avais RDV ce matin avec l'une des femmes initiatrices du projet et nous sommes allées voir cet ami.
J’ai expliqué à cet ami la situation en lui disant clairement que je ne cautionnais pas ces femmes que je ne connais pas et que son texte allait éventuellement être présenté à des hommes politiques.
Depuis hier, j'ai posé quelques questions à gauche et à droite, et toutes les personnes interrogées confirment que ces femmes, tout à fait ordinaires, agissent de leur propre initiative, sans aucun arrière pensé, sans aucun parti, organisation... caché derrière. Elles sont, parait-il, de simples citoyennes qui ont pris cette initiative parce qu’elles ont eu peur que les femmes tunisiennes, et leurs filles et petites filles perdent des droits acquis depuis une cinquantaine d'années.
Bref, cet ami a donné une forme à l’ancien texte qui n’en avait pas. Pour résumer, ce texte demande tout simplement que l’acquis soit préservé, que les conventions internationales accordant des droits aux femmes soient ratifiées sans aucune réserves, que les droits du Code du statut personnel soient garantis par la nouvelle constitution… le tout au nom de citoyens tunisiens, sans distinction aucune.
Il y avait avec nous une dame qui était présente hier soir et qui comme moi ne faisait pas partie de l’initiative initiale mais qui avait manifesté le désir d’être présente.
Ensuite, nous sommes allées à la coupole. Il y avait une centaine de femmes qui malgré le fiasco d’hier ont accordé leur confiance à cette initiative, d’autant plus qu’une grande partie de ces femmes se connaissaient puisque le rassemblement s’est fait de bouche à oreille (ou plutôt de SMS à SMS et de message à message).
Les médias étaient présents aussi.
Un des quatre bus était aussi là.
Les initiatrices ont demandé si quelques femmes voulaient faire partie de la délégation qui parlerait à M.BCE. Il suffisait de communiquer le numéro de la CIN. Elles me l’ont d’ailleurs vivement proposé, mais j’ai refusé parce que j’avais une très grande envie d’aller à la réunion du FUT à 14h, et je n’aurais pas pu faire les deux. Et puis, il reste quand même au fond de moi un doute. Sait-on jamais ?!
Deux femmes se sont proposées et ont donné leur CIN.
Tout d’un coup, nous avons vu le bus partir, vide. Et les initiatrices apprennent que des ordres venant Dieu sait d’où avaient été donnés pour faire annuler les bus. Consternation. Pourquoi ? Qui a donné ces ordres ? Les bus avaient été loués, et même parait-il payés.
Le bus est donc parti et les autres bus n’allaient pas venir. Les femmes ont alors décidé d’y aller par leurs propres moyens.
Je les ai quittées, et je suis allée au bureau.
Je me pose plein de questions.
Pourquoi ?
Pourquoi toute cette suspicion ?
Pourquoi ce sabotage ?
Qui a annulé les bus ?
Nous ne savons pas qui sont ces femmes ? Oui, c’est vrai. Et alors ? Cela veut-il dire automatiquement qu’elles sont louches ?
De simples citoyennes ne peuvent-elles donc pas prendre des initiatives ?
On trouve louche le fait qu’elles aient pu louer une salle et 4 bus. Pourquoi ? Il faut des dizaines de millions de dinars pour louer une salle et 4 bus ? Une dizaine de femmes seraient donc incapables de se cotiser et payer cela ? Elles sont pharmacienne, architecte, enseignante universitaire… Vous pensez que c’est vraiment au-dessus de leurs moyens ?
On trouve louche qu’elles aient envoyé autant de SMS. Ah oui ? J’en ai envoyé des centaines lors des derniers mois. Pour chaque action qui m’a semblée intéressante, j’ai envoyé un SMS à toute personne figurant dans mon répertoire téléphonique. Et je demandais à mes amis de relayer. Vous pouvez me croire, lorsque l’on est motivé, cela va vite.
On trouve louche que la date choisie correspond à la date de l’AG organisée par le FUT. Oui, mais vous avez une preuve que cela a été fait exprès ? Vous pensez vraiment que ce sont elles qui ont choisi la date et l’heure du RDV avec M.BCE ?
Bon, hier, c’était le cafouillage total. C’est vrai. Mais c’est peut-être aussi une preuve en faveur de ces femmes, elles n’ont pas l’habitude de ce genre d’action mais au moins elles sont pleine de bonne volonté.
Personnellement, je trouve dommage qu’on les accuse et condamne sans attendre d’avoir des preuves quelconques. Je trouve dommage qu’une initiative personnelle ait été coupée dans son élan. Ce qui m’inquiète, est que cela fait des mois que nous n’arrivons pas à nous entendre, cela fait des mois que nous sommes divisés, cela fait des mois que chacun accuse l’autre, cela fait des mois que chacun se méfie des autres, cela fait des mois que chacun sabote le travail des autres… et qui est perdant à la fin ?
Peut-être que ces femmes sont des arnaqueuses. Peut-être qu’elles ont manigancé un énorme complot. Oui, peut-être. Mais peut-être que non. Et à ce moment-là, dommage d’avoir saboté leur travail. Oui, elles ont commis des erreurs de communication, mais est-ce une raison suffisante pour les saboter ?
Pourquoi ne pas les avoir laissé faire, les observer quelques temps, et juger par la suite ?
Ce qui m’inquiète, c’est que nous risquons de ne jamais avancer si nous décourageons toute initiative. Dommage.
Et wait and see !
Demain, vous serez peut-être entrain de me dire que j’ai eu tout faux. C’est très possible. Mais au fond de moi-même, j’aurais la satisfaction d’avoir attendu avant de condamner sans preuves.
Je leur accorde le bénéfice du doute. Je préfère que demain, on me dise que je suis trop naïve, plutôt que de me dire à moi-même que j’ai participé à saboter les efforts d’autrui.
UPDATE: précision quant aux bus annulés. En fait, le loueur des bus a reçu des menaces lui disant que ses bus seraient cassés s'ils allaient à la Casbah, il a alors préféré les "rapatrier". Qui a menacé? That is the question.
Depuis 3/4 jours, j’ai reçu, comme des centaines de femmes, un message sur facebook et par SMS. Ce message disait que pour se battre pour les droits des femmes, un RDV avait été pris avec M.Beji caid Essebsi pour lui demander de faire inscrire le Code du statut personnel dans la prochaine constitution tunisienne. Ce texte demandait aux femmes, si elles désirent avoir plus de précisions, de venir à une réunion le mardi à 17h au centre culturel d’el menzah 6. A la fin du message, on demandait à chacune de nous d’inviter un maximum d’autres femmes. Je l’avoue, je n’ai renvoyé ce message à personne. Pourquoi ? Parce que je ne savais pas qui était derrière. Qui organisait cette manifestation ?
Ensuite, un évènement facebook a été créé (j'ai d'ailleurs donné à cette note le même titre que cet évènement facebook). On n’y apprend pas plus. J’ai partagé sur facebook. Qui sait ? C’est peut-être sérieux.
Cette après-midi, je suis allée voir.
La salle était archicomble, des femmes étaient dans les couloirs, sur les marches. Des centaines de femme s’étaient déplacées comme moi. J’en connaissais plusieurs. Certaines seulement depuis quelques mois, mais d’autres depuis toujours, des amies à ma mère, des parentes….
Dans la foule, j’ai aussi reconnu des visages de femmes connues, des militantes… elles étaient toutes là pour se renseigner, savoir de quoi il s’agit.
Une femme était sur l’estrade. Elle nous expliquait qu’il s’agissait d’une initiative citoyenne, sans l’intervention d’aucun parti, ni association, ni organisation d’aucune sorte.
Elle nous a dit qu’un texte, dont plusieurs exemplaires avaient été distribués dans la salle, avait été rédigé. Des RDV avaient été pris avec M.BCE, M.ANC, M.MBJ, M.MM et M.RG pour leur présenter ce texte.
Ces femmes y demandent que les droits des femmes ne soient plus un enjeu politique ou idéologique, que le CSP soit intégré dans la future constitution, et que les droits des femmes tels que décrits dans les diverses convention internationales soient respectés. Elles demandent par ailleurs que personne ne puisse plus à l’avenir porter atteinte à ces droits.
Il y a eu dans la salle des femmes qui criaient que ce n’était pas suffisant, et qu’il fallait réclamer une égalité totale entre tous les citoyens (femmes ou hommes) tunisiens.
L’erreur de ces femmes, je pense, a été de ne pas commencer par se présenter. Qui sont-elles ?
Question posée et reposée. Elles se présentent comme simple citoyennes, mais est-ce suffisant ?
Ce qui est dommage en fait, c’est qu’à un certain moment, il y a eu une cacophonie monstre. Chacune voulant poser ses questions et parler avant ou plus fort que les autres. En fait, nous n’entendions ni ne comprenions plus personne.
Plusieurs femmes sont d’ailleurs parties sans même attendre la suite.
Certaines femmes ont émis le doute que ces femmes qui sont parties étaient peut-être justement là pour embrouiller la situation.
Après l’insistance des femmes présentes, on nous a finalement dit que l’idée avait germé spontanément lors d’un déjeuner entre amies et qu’elles avaient décidé par la suite d’agir en essayant chacune d’amener ses amies, et amies de ses amies…
Qui sont donc ces femmes ? D'après ce qu'elles ont dit, elles sont 11 femmes, de métiers divers, mères de familles, qui ont décidé d’agir pour préserver les acquis des tunisiennes.
Elles ont pu obtenir des RDV avec le premier ministre et divers chefs de partis pour justement leur faire cette demande.
Elles ont annoncé s’être cotisées pour louer 4 bus. Ces bus se trouveront demain mercredi 11h devant la coupole d’El Menzah pour aller ensemble à la Casbah rencontrer M.BCE à 13h.
Faut-il ou pas faire confiance à ces femmes ?
Après la fin de la réunion, des dizaines de femmes se sont groupées dehors, elles parlaient entre elles et discutaient du sujet. Faire confiance en ces femmes ou pas ? Aller avec elles demain ou pas ?
Je me suis promenée d’un groupe à l’autre. J’en ai entendu de toutes les couleurs. Il y a celles qui leur font une totale confiance et qui sont prêtes à les suivre, et bien-sûr, il y a celles qui s’y refusent totalement, disant qu’il y a surement une manipulation et une récupération quelque part.
Que penser ?
Je ne sais pas.
Les arguments de part et d’autres sont convaincants. Mais par ailleurs, il y a une telle paranoïa ambiante ces derniers temps !!!
Certaines pensent qu’il s’agit peut-être de ex-RCDistes qui veulent nous manipuler. Certaines autres pensent qu’il s’agit de la nahdha qui aurait organisé cette action de demain pour contrer l’AG du FUT qui va traiter des divers cas de harcèlements et agressions contre les professeurs et étudiantes de ces derniers jours. Certaines autres pensent qu’elles sont peut-être elles-mêmes manipulées par des forces occultes….
Je ne connais aucune de ces 11 femmes. Mais en restant, j’ai vu que certaines sont des amies de longue date d’amies à ma mère et qu’elles leur font confiance. Il parait qu’elles n’avaient jamais milité auparavant dans aucune organisation, ni parti, ni association.
Ce qui est certain, c’est qu’elles paraissent très sincères, même si elles reconnaissent elles-mêmes qu’elles n’ont pas su présenter leur projet, ce qui prouve justement qu’elles sont novices en la matière.
Certaines femmes présentes étaient d’accord pour participer à cette action de demain, mais rejetaient le texte, qui est en réalité très très mal écrit. De discussions en discussions, elles étaient d’accord pour que le texte soit modifié. Ce que j’ai apprécié, et qui prouve peut-être qu’elles sont de bonne foi, est qu’elles ont accepté que ce texte soit revu par une personne spécialiste tierce. Nous avons proposé un juriste, et elles ont accepté.
Bref, demain matin, 2 ou 3 d’entre elles vont montrer ce texte à un ami juriste que j’ai proposé. Et on verra.
Faut-il donc faire confiance à ces femmes ? Je ne sais pas vraiment. Mais je vais essayer de leur accorder le bénéfice du doute. Elles paraissent sincères. Je vais essayer de les accompagner et voir. Qu’y a-t-il à y perdre ?
Si vraiment ce sont des citoyennes qui ont pris une initiative, pourquoi ne pas les encourager ? Et si elles ne sont pas sincères, rien ne m’oblige à rester avec elles.
Il faut bien commencer quelque part.
De toute façon, je suis curieuse de voir ce qu'il va vraiment se passer. A défaut d'y être comme une femme défendant ses acquis, je vais essayer d'y être en tant que blogueuse pour vous raconter la suite.
P.S.: sur facebook, énormément d'accusations, de réserves, de questions... Normal. Je rappelle que je n'en sais pas plus que vous. Je ne connais pas ces femmes. J'ai juste eu l'intuition qu'elles sont sincères, mais je peux me tromper complètement. Alors, que chacune agisse en son âme et conscience.
Alors, ces derniers temps, ce que je dis à certains, c'est imaginez que vous êtes entrain de jouer une partie de cartes, et que dans votre main, vous avez deux cartes, une qui est sure, et une qui ne l'est pas trop. Laquelle allez-vous jouer?
Décision difficile à prendre, mais qui dépend aussi des enjeux.
Quels sont les enjeux?
Personnellement, aujourd'hui, il s'agit de l'avenir de mon pays, de l'avenir de mes enfants. Alors je ne prends aucun risque. Je choisi la carte sure.
Je ne prends aucun risque.
Aucun risque.
Je ne peux choisir la carte des gens qui utilisent un double langage, qui ont un passé douteux, qui pourraient nous faire reculer, qui pourraient mettre notre pays en danger...
Et je parle bien d'un risque. Certains me diront mais comment est-ce que tu peux savoir qu'ils n'ont pas changé, qu'ils ne sont pas vraiment sincères, qu'ils n'ont pas appris de leurs erreurs passées...?
Je sais, je ne peux avoir aucune certitude.
Mais vous croyez vraiment les gens qui ne sont pas clairs et nets? Vous croyez vraiment les gens qui disent une chose et son contraire? Vous croyez vraiment des gens qui changent leur discours en fonction de l'auditoire?
Et puis, vous pouvez vraiment faire confiance aux gens qui ont un passé douteux?
Et l'expérience des autres pays?
Rien n'est vraiment sur avec ces gens-là Vraiment rien.
Alors, comme je ne suis pas joueuse et que l'enjeu (notre avenir à tous) est vraiment très important, j'ai choisi de ne prendre aucun risque et de jouer ma carte SURE.
J'ai choisi de miser sur ceux qui sont clairs, nets et précis, sur ceux qui énoncent leurs principes et s'y tiennent, sur ceux qui font des promesses et les respectent.
Je ne risque pas l'avenir de mon pays, je ne risque pas l'avenir de mes enfants, je ne risque pas mon avenir.
Je vote.
Je vote, mais prudemment.
Je vote en pensant à mon avenir.
Je vote sachant qu'il s'agit d'une assemblée constitutionnelle et qu'il n'y aura pas une deuxième une chance.
Je copie/colle ci dessous le communiqué de presse "A3ta9ni" du 18 octobre 2011:
Un mouvement est né et n’est pas prêt de s‘arrêter. Après Tunis et Monastir, c’est la ville de Sousse qui crie aujourd’hui sa liberté. Pas moins de 3000 Tunisiens ont rejoint la marche A3ta9ni pour dénoncer la censure, quelque soit sa forme, et rappeler aux Tunisiens que le combat pour la liberté n’est pas fini.
Le mouvement A3ta9ni a connu un nouveau succès malgré les tentatives de perturbation d’un groupe de salafistes –enrivon 80 personnes. La violence verbale et physique (jets de pierres) de ce groupuscule ne fait que trahir son échec. Une fois de plus, ils prouvent aux Tunisiens, leur incapacité à vivre en paix, à respecter autrui et à renoncer à la violence.
Lors de la marche à Tunis, tenue dimanche 16 octobre, nous avons repéré parmi les perturbateurs un garde du corps de Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha (voir vidéo ci-dessous).
A chaque fois qu'il y a des actes de violence, le parti Ennahdha minimise des « cas isolés ». Aujourd’hui, nous pointons du doigt ce parti et demandons à ses leaders de mieux maîtriser sa base et ses sympathisants et de leur rappeler les règles de la démocratie et du vivre ensemble. Autrement, nous avons une nouvelle preuve que les actes de violence sous la bannière des « salafistes » sont organisés et soutenus par ce parti.
Nous engageons également la responsabilité du Ministère de l’Intérieur dans la protection des citoyens qui manifestent pacifiquement et qui appellent d’autant plus à la paix et à la tolérance.
Par ailleurs, les tentatives de diffamationqui essaient de discréditer ce mouvement n’auront pas raison de notre union et notre détermination. Nous sommes à l’image de la Tunisie, différents et pluriels.Un sacré nous rassemble au delà de nos convictions : la liberté.
A tous ceux qui nous accusent d’apostasie et d’hérésie, nous disons : vous n’êtes pas plus musulmans que nous. L’Islam sur notre terre est une religion de tolérance et de liberté. Il le restera.Dans le domaine de la foi, personne n’a de compte à rendre sinon à son Dieu.
La rue appartient à tous les Tunisiens et nous la réinvestirons sans peur. Nous ne cèderons pas aux menaces, aux intimidations et à la violence. Nous resterons fermes et stoïques dans nos revendications : respect des libertés individuelles, tolérance et pacifisme.
A3ta9ni est dans la rue, les administrations, les transports, les universités, les cafés. Nous sommes partout. Nous sommes la Tunisie et nous dénoncerons avec fermeté tous ceux qui tentent de réduire le champ des libertés dans notre pays.
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