Je vous remercie tous de tout mon coeur. Vous avez été nombreux à me présenter vos voeux.
Vous êtes tous très gentils.
Mais je voulais surtout vous remercier pour le magnifique cadeau que vous m'avez fait. Vous avez avez été formidables. Je suis convaincue que vous avez prié pour moi de toutes vos forces. Vous avez réalisé mon voeux le plus cher. Hier, je suis allée me coucher, j'étais dans mon état normal, c'est-à-dire comme cela:
Ce matin, en me reveillant, j'ai eu la plus merveilleuse, magnifique, extraordinaire... surprise de ma vie: en passant devant mon miroir, je ne me suis pas reconnue, j'étais enfin devenue comme celà:
C'est pour vous dire à quel point vos prières ont été efficaces!!!
Je vous serais reconnaissante toute ma vie!
C'est le plus beau cadeau que l'on puisse me faire!
Voila, j'ai bien réfléchi. Je crois que je sais ce que je vais vous demander comme cadeau d'anniversaire. Il vous reste jusqu'à demain pour me faire plaisir.
Voilà, en tout premier lieu, j'avais pensé au Cullinan:
Mais peut-être bien que malgré tous vos efforts, la reine Élisabeth ne voudra pas s'en défaire, alors j'ai pensé à quelque chose de plus facile. Vous pouvez m'offrir la voiture de mes rêves:
D'autant plus que maintenant, il est devenu relativement aisé de commander ce genre de voitures en Tunisie.
Et puis, après mures réflexions, je me suis rendue compte que vous ne pouviez pas l'avoir en 24 heures, alors, j'ai pensé à un troisième cadeau. Comme je suis plutôt raisonnable, je pense que je vais respecter l'adage qui dit: "Le bonheur n'est pas d'avoir, mais d'être", alors je vais juste vous demander une prière. Une simple prière. Une toute petite prière. Amane. SVP, priez tous pour moi pour que je devienne comme ceci:
Bon, je sais, le Cullinan est plus facile à obtenir. Ok, j'ai compris, il faudra que je m'en contente!!!
Le vieux Bou Aziz harcèle Dieu à la mosquée: - Ya Rabbi, qu'est-ce que c'est pour Toi mille ans, une minute? Et que représente un million de dinars, dix millimes? Allez donne-moi juste dix millimes...
En Occident, les armes utilisées par les hommes pour circonvenir les femmes sont pratiquement invisibles: ils manipulent le temps. Les images, c'est du temps condensé. Ils n'obligent aucune femme à se conformer à l'image idéale ni à porter la taille 38 en lançant la police à ses trousses comme le font les ayatollahs après celles qui laissent glisser leurs tchadors. Ils ne disent rien. Sauf que le jour où vous voulez acheter une jupe, on vous annonce que vous êtes un monstre. On vous laisse digérer seule votre déconfiture. On vous oblige à analyser votre situation et à conclure comme ils le désirent: le vieillissement, pourtant inéluctable, est un acte coupable. (...) Mais le voile tissé par le temps qui passe était plus épais, plus absurde encore que le voile et le contrôle de l'espace des ayatollahs.
(...) La violence que constitue le harem occidental est peu visible parce qu'elle est maquillée en choix esthétique. (...) De la même façon, la femme parfaite occidentale bride ses hanches afin qu'elles gardent la mesure idéale. Nous les musulmanes jeûnons un mois par an. Les Occidentales jeûnent douze mois par an.(...)
Selon l'écrivain Naomi Wolf, le poids des tops models, images contemporaines de la beauté idéale, ne cesse de s'éloigner du poids de la population féminine dans son ensemble. (...) Ce retrecissement de la sillouhette idéale est à l'origine, selon Naomi Wolf, de l'accroissement des cas d'anorexie et autres problèmes de santé: "Les troubles de la nutrition augmentent de façon exponentielle, et des quantités de névroses sont apparues dans lesquelles la nourriture et le poids servent d'agents déclencheurs [...] à la dégradation de la santé mentale." Le harem occidental prenait à présent tout son sens. Espace sur la rive sud de la Méditérranée, temps sur la rive nord. Mais l'objectif reste le même: donner aux femmes un profond sentiment de gêne, d'incertitude, de honte.
L'homme occidental dicte à la femme des règles qui régissent son aspect physique. Il contrôle toute l'industrie de la mode, depuis la conception des cosmétiques jusqu'à la diffusion des soutiens-gorge. L'Ouest est en effet la seule région du monde où le vêtement féminin est une industrie essentiellement masculine. Ailleurs, dans des pays comme le Maroc où vous dessinez vous-même vos vêtements et en contrôlez la fabrication, la mode est une affaire strictement individuelle. Pas en Occident, où l'individualisme règne partout sauf lorsqu'il s'agit de mode. Là, c'est le règne de la loi de la horde: le conformisme est de rigueur. Naomi Wolf explique, dans Le mythe de la beauté*, que les hommes ont mis au point une incroyable machine fétichiste: "De puissantes industries - 33 milliards par an pour les produits de régime, 20 milliards par an pour les cosmétiques, 300 millions pour la chirurgie esthétique, 7 milliards pour la pornographie - ont jailli de cette mine que sont les angoisses inconscientes. En retour, elles engendrent et façonnent l'hallucination collective comme dans une spirale infernale".
Le Harem et l'Occident - Fatema Mernissi.
* Naomi Wolf, The Beauty Myth: How Images of Beauty Are Used Against Women (1991).
L'énigme du harem européen s'éclaircit soudain pour moi, dans ce temple de la consommation qu'est un grand magasin new-yorkais, lorsque la vendeuse m'annonça, avec la solennité d'une prêtresse, qu'elle n'avait pas de jupes pour moi. J'avais, me dit-elle, les hanches trop larges.
"Dans ce magasin tout entier, qui fait cent fois le bazar d'Istanbul, vous n'avez pas de jupes pour moi? Vous plaisantez!"
(...) Mais elle insista avec un rien de condescendance:
"Vous êtes trop forte...
- Je suis trop forte par rapport à quoi? répondis-je en la fixant attentivement, consciente de me trouver soudain au bord d'un véritable fossé culturel.
- Comparée à une taille 38 (sa voix avait le ton irrécusable d'une fatwa). Les tailles 36 et 38 sont la norme, ou plus exactement l'idéal, poursuivit-elle, encouragée par mon regard interrogatif. Les tailles hors norme, surtout comme la vôtre, ne sont disponibles que dans des magasins spécialisés".
(...) Mais ce jour-là, dans ce magasin où j'étais entrée avec la sérénité d'une consommatrice souveraine, prête à dépenser de l'argent, j'étais brutalement anéantie. Mes hanches, jusque-là le signe d'une maturité épanouie, étaient dévalorisées et ravalées au rang de difformité.
"Qui décide de ce qui est normal?"ai-je demandé à la vendeuse élégante dans l'espoir de récupérer un peu de mon assurance en contestant les règles.
(...) "Et qui dit que tout le monde doit faire une taille 38?" insistais-je non sans quelque ironie, négligeant volontairement de mentionner la taille 36 (...).
La vendeuse me regarda avec une légère anxiété.
"La norme ou plutôt la taille idéale est ce qu'on trouve partout, dans les magazines, à la télévision, sur les affiches. Vous ne pouvez pas l'avoir manquée. C'est Calvin Klein, Ralph Lauren, Versace, Armani, Valentino, Dior, Saint-Laurent, Chrisian Lacroix, Jean-Paul Gaultier... Tous les grands magasins suivent la norme et s'ils vendaient du 46 ou du 48, ce que vous faites, je pense, ils feraient faillite."
(...)
"D'où venez-vous?" C'est alors que je remarquai qu'elle avait à peu près le même âge que moi - plus près des soixante ans que de cinquante. Sauf que son corps avait la minceur de celui d'une fille de 16 ans (...)
"Je viens d'un pays où les vêtements n'ont pas de taille précise, répondis-je (...).
"Vous voulez dire, demanda-t-elle encore avec de l'incrudilité dans la voix, que vous ne vous pesez pas, tout simplement? Ici, il y a bien des femmes qui perdraient leur job à cause de cela."
Elle plaisantait mais sa remarque cachait une réalité cruelle. La vérité me frappait de plein fouet: la taille 38 était un carcan aussi répressif que le voile le plus épais (...).
Oui, pensai-je en m'engageant dans les allées moquetées, j'ai enfin trouvé la solution à l'énigme du harem. A l'encontre du musulman qui limite son opression à l'espace public, l'homme occidental manipule le temps et la lumière. Il établit, grâce aux sunlights des caméras qui fixent la beauté idéale sur les millions de photos des messages publicitaires, que celle-ci doit paraître avoir quatorze ans. Si elle a l'air d'en avoir quarante ou pire, cinquante, elle s'évanouit dans l'obscurité. En braquant les projecteurs sur la nymphette, en la hissant au rang d'idéal, il remise les plus âgées dans l'ombre et l'oubli. Les malins d'hommes occidentaux... Ils chantent la démocratie à leur femme le matin, et le soir ils soupirent d'admiration devant de très jeunes beautés au sourire aussi éclatant que vide, reprenant sous une nouvelle variante l'éternelle ritournelle chantée par Kant: belle et stupide ou intelligente et laide! Nous sommes certes plus intelligentes à quarante ans qu'à vingt, comme le dit si bien le proverbe arabe: "celui qui a vécu une nuit de plus que toi a une ruse de plus dans sa poche". Mais, sur la rive européenne de la Méditerranée, les hommes en ont décidé autrement. Quand une femme a l'air plus mûr, et donc plus sûre d'elle-même, ils l'attendent au tournant. Une femme sûre d'elle-même ne se pèse pas tous les quarts d'heure... Et donc, elle laisse ses hanches s'élargir. Et vlan! Elle est précipitée dans les abîmes de la laideur. Les murs du harem occidental dressent une barrière dangereuse entre une jeunesse séduisante et une maturité repoussante.
Deux hommes se rencontrent le soir autour d'une bière.
Je suppose que vous savez tous qu'actuellement se tient au Kram le salon de l'Automobile.
L'un d'entre eux, qui a visité le salon, va passer deux ou trois heures à parler de voitures: Porshe, Range Rover, Mercedes... Et ensemble, ils bavent, s'extasient. On n'entend plus que les mots: chassis, cylindres, cheveaux, freins... Et les voilà qui rêvent: Ah, j'aimerais m'acheter la nouvelle Porshe, non, la Mercedes cabriolet nouveau modèle... Tu imagines si on louait une Ferrari... Malla jaw... Si j'avais les moyens, j'acheterais la nouvelle Range Rover...
Et puis, comme ce sont des hommes: "et si tu voyais les filles qu'il y avait au Salon... Les filles du stand de XXX portent des jupes micro, je t'assure... elles sont belles. A part les hotesses, il y avait plein plein de filles... des filles superbes...Et ensemble, ils bavent, s'extasient. On n'entend plus que les mots: nichons, fesses, décolleté... Et les voilà qui rêvent... ou qui essayent de rêver, c'est que ces deux messieurs sont mariés... et leurs femmes sont avec eux! Mais ils rêvent quand même, et les projets... et si on allait à Ibiza... Tu imagines les filles à Ibiza! J'ai vu un DVD sur Ibiza... et nous revoile encore entre les fesses, les nichons, et les strings, et... et...
Et voila que passe un grand jeune homme. Tout en muscles.
Tu sais pas qui il est?
C'est X, il joue dans l'équipe Y de basket. Et voilà, c'est partit pour un bon bout de temps, et on n'entend plus que les mots stade, match, équipe, espérance, CA... but, goal... Et ensemble, ils bavent, s'extasient... enfin pas trop!... Et les voilà qui rêvent..., qui discutent... ils sont de vrais experts en sport, ils peuvent tout critiquer, s'ils étaient à la place de Untel ou Untel, ils formeraient la meilleure équipe de l'Univers!
Retour aux voitures, retour à la voiture de X et la voiture de Y... Le prix, la douane, la puissance...
Avec de temps en temps un petit regard à la fille qui vient de passer...
Bref, la discussion des hommes est passionnante!!!
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