C'est avec beaucoup d'espoir que je suis allée à la conférence de presse organisée par le PDP, Afek Tounes et le PR, pour annoncer leur fusion, et j'espère enfin l'organisation d'une grand parti progressiste.
Maya Jeribi (PDP) a été la première à prendre la parole. Elle a commencé par un mot d'encouragement envers les journalistes qui défendent la liberté et la démocratie.
Elle a aussi fait un bref rappel des évènements de l'année dernière avec un hommage aux martyres.
Ensuite, elle a dit qu'elle avait l'honneur de faire une annonce historique, au nom des partis qui ont décidé de fusionner en ce jour historique.
Elle a lu un communiqué, que je n'ai malheureusement pas pu me procurer. Je suppose qu'il sera facile à trouver.
Elle a, par la suite, annoncé que le congrès qui se tiendra les 17, 18 et 19 Mars 2012, aura pour ordre du jour cette fusion. Ce congrès donnera un nouveau nom et un nouveau règlement interne au nouveau parti à naitre. Une invitation a été faite aux autres partis qui voudrait se joindre à eux.
Yassine Brahim (Afek Tounes): "Espérons que ce jour sera historique" a-t-il dit. Il a rappelé que le 11/01/2011, nous suivions sur facebook des scènes d'horreur à Kasserine, Thala, Bizerte, Gafsa... Rien que ce jour-là, il y a eu 50 martyres. Nous avons une responsabilité envers ces gens
Il a insisté sur le fait que les membres de Afek Tounes voient la politique comme un moyen de servir notre pays et notre société. Ils ont d'ailleurs travaillé dans ce sens. Et même sérieusement travaillé pour les élections de l'Assemblée Constituante, et ont ainsi pu obtenir 4 sièges. Il a d'ailleurs remercié à cette occasion tous les militants et électeurs d'Afek. Mais cela n'est pas suffisant, aujourd'hui, nouvelle étape, et il y a un besoin de constituer un nouveau parti centriste, c'est la raison pour laquelle ils se sont rapprochés de partis de la même famille. Le travail à venir est très important, écrire la constitution, exercer un contrôle positif sur le gouvernement, préparer les prochaines élections... Il faut aussi travailler pour pouvoir assurer l'alternance politique...
Youssef Chahed (Parti Républicain) a rappelé que les deux partis Voix du Centre et Parti républicain sont deux partis qui ont fusionné. Ils étaient au PDM pour pouvoir travailler d'une façon plus efficace. Une raison principale de l'échec des partis du centre: émiettement des voix, des moyens financiers et des moyens humains... L'idée du PDM est bonne, mais elle est devenue insuffisante, un front ou pôle n'est pas suffisant, mieux vaut un grand parti. Il a d'ailleurs appelé toutes les forces, partis... qui partagent ces idées, de se joindre à ce nouveau parti en formation.
Mohamed Louzir (Afek Tounes): Pour la démocratie, il faut que tous travaillent ensemble. Unir les efforts, les capacités... Il faut être pragmatiques. L'union de cette famille politique qui a plus de points communs que de différences doit se réaliser. C'est un grand responsabilité, et il faut l'assumer. C'est la raison pour laquelle juste après les élections, au sein de Afek on a commencé à travailler ensemble pour essayer de trouver des solutions. Et cela permettra de vaincre dans l'avenir.
Slim Azzebi (Parti Républicain) a pour sa part adressé des remerciements au PDP qui a eu le courage de parier sur cette union et l'Histoire ne l'oubliera pas. Remerciements aussi à Afek qui a fait le grand travail d'union. Le rêve de tous étant que de cette union naitra un grand parti populaire et démocratique pour du long terme qui représentera la seule solution pour une alternance politique et une bonne gouvernance du pays. Ce parti sera un
حزب ديمقراطي تقدمي جمهوري يفتح أفاق لتونس
Nejib Chebbi (PDP) a dit son bonheur de vivre ce jour qui donne de l'espoir à tous les déçus qui se posent des questions. Il est temps de serrer les rangs, surtout qu'aujourd’hui il y a des dangers, comme la liberté de la presse. Il a rappelé ce qu'avait déjà annoncé Maya à propos du prochain congrès qui élira aussi les nouveaux dirigeants. Il a aussi rappelé que cette initiative est ouverte aux personnalités nationales et a annoncé que ce jour, deux personnalités se sont jointes à ce nouveau parti:
- M.Said Aydi (ancien ministre de l'Emploi)
- M.Slaheddine Zahhaf (élu à l'assemblée constituante)
Des discussions ont lieu avec d'autres personnes. Ce projet dépasse en effet les partis, et son moteur est l'avenir tunisien.
Said Aydi: "je suis plus qu'heureux, je suis encore indépendant, je ne le serais plus en sortant. Lorsque j'ai été appelé le 27/01/11, j'ai tout laissé pour venir travailler. Et je suis resté indépendant. Mais aujourd'hui, je suis convaincu que ce parti est l'avenir de la Tunisie. Lorsque j'ai vu les jeunes de nos régions, je ne pouvais plus rester en dehors de la politique. J'aurais aimé que cette initiative ait lieu avant, mais mieux vaut tard que jamais, et nous travaillerons sérieusement".
Slaheddine Zahaf: "Je m'étais présenté aux élections de l’assemblée constituante comme indépendant il y a quelques mois. Mais aujourd'hui, nous devons tous serrer les rangs. La Tunisie a besoin d'un parti centriste fort qui permette de réaliser les buts de la révolution. Le peuple tunisien est par nature modéré, ouvert. Il cherche la justice, l’égalité... mais en vraie, pas juste en paroles. Je suis certain qu'à partir d'aujourd'hui, énormément de personnalités nationales, mais surtout les citoyens, vont rejoindre ce parti qui correspond à une demande du peuple".
Fathi Touzri a lui aussi rappelé que nous vivons un moment historique et que la révolution a ouvert des horizons pour construire une État moderne avec des institutions solides. Avancer vers l'avenir demande un nouveau contrat social, des institutions, et une participation de toutes les capacités. Il faut profiter de nos racines arabo-musulmanes, mais surtout du mouvement réformateur qu'a connu la Tunisie. Ce projet qui a été construit par des gens comme Tahar Haddad, Tahar Ben Achour.... et qui posé les bases d'une culture de la liberté, de la participation, de la démocratie et répondant aux besoins des tunisiens.
Une journaliste a pris la parole, elle a rappelé que le matin même, Sofiène Ben Hamida avait été agressé par la milice de nahdha, et au nom de tous les journalistes, elle lui a rendu un hommage.
Maya Jeribi a ajouté que nous tous sommes solidaires et serons tous du coté de la liberté de la presse.
Questions des journalistes et réponses:
- Pourquoi cette union n'avait pas eu lieu avant les élections?
- Pourquoi des partis qui faisaient parti du PDM ont changé?
- Concernant cette initiative, ne trouvez-vous pas que ces trois partis, c'est insuffisant? Ne pensez-vous pas que vous écartez Ettajdid et que cela est fait exprès?
Yassine Brahim:
Avant les élections, nous, au sein de Afek, étions pour l'union. Mais juste après la révolution, nous avons remarqué que la plupart des partis, surtout le PDP, voulaient connaitre leur propre poids réel. Bonne décision ou pas? C'est à discuter.
Concernant le PDM, il y a eu une discussion au sein de Afek pour décider de les joindre ou pas, certains avaient refusé.
Dans Afek, nous pensons que la meilleure union est la fusion et non pas le front. Mais les discussions continuent avec Ettajdid et nous essayons de trouver une solution.
Maya Jribi:
Cette initiative est ouverte. Les négociations ont commencé entre certains partis et même avec des associations et des militants de plusieurs partis. Ettajdid voulait un front confédéral, du moins en première étape. Nous pensons que le parti uni est préférable. Mais nous sommes d'accord pour continuer les discussions et les négociations pour savoir comment avancer. Quoi qu'il en soit, notre main reste tendue vers tous ceux qui veulent se joindre à nous.
- Modéré et centre: 2 mots que vous avez beaucoup prononcés. Pensez-vous que cette modération soit en danger? Êtes-vous contre le parti au pouvoir?
- On reproche à vos partis l'élitisme, comment comptez-vous conquérir le peuple? Comment allez-vous aller sur le terrain?
-Comment avez-vous évalué vos erreurs? Comment allez-vous y remédier?
Najib Chebbi:
Il n'y a pas de projet négatif ou contre. Non, notre projet se base sur une vue moderniste et se veut la poursuite du mouvement réformiste commencé par Khereddine Pacha. Nous devons être de notre époque tout en préservant notre identité.
Mohamed Louzir:
Élitistes? Il nous faut aller parler avec tout le peuple. Pendant une période, sur facebook, on s'est acharné contre nous en nous accusant d'être élitistes, or nous avons eu 4 sièges, et dans des endroits pas élitistes! A chaque fois que nous nous sommes déplacés dans les cafés, dans les quartiers défavorisés, nous nous sommes approché des tunisiens... et nous avons pu convaincre. Mais nous manquions de moyens pour faire plus. Ce n'est pas de l'élitisme, et nos idées peuvent arriver et toucher les gens.
Maya Jribi:
Nous avons évalué nos erreurs et nous avons compris nos points faibles. Nous allons essayer d'employer toutes nos capacités pour travailler et nous approcher des gens.
- Beji Caid Essebsi va, parait-il, créer un parti ou présider un front. Il parle aussi de modération, de modernité, de centre... et peut-être même de racines bourguibiennes. Est-ce que demain, vous pourriez vous joindre à lui ou pas?
- Les élections ont montré le poids des partis, mais allons-nous voir dans l'avenir les mêmes visages qui ont participé à l''échec de ces partis ou allons-nous voir des jeunes?
- Est-ce que le Congrès va créer un nouveau parti ou est-ce juste un nouveau nom pour le PDP?
- Êtes-vous en contact avec al aridha? Êtes-vous en contact avec les RCDistes?
Maya Jribi:
D'abord, il faudrait remercier M.Béji Caid Essebi pour le travail qu'il a accompli. Mais on ne peut répondre ni prendre de décisions sur des rumeurs. On verra le moment venu.
Le Congrès décidera qui seront les visages élus.
Ce congrès sera le Congrès de l'Union des Partis, donc pas le congrès du PDP. Et tout sera nouveau, le nom, le règlement, les structures...
- Qu'est-ce que la zeintouna hadathya?
Yassine Brahim:
C'était un projet dont nous avions parlé avant les élections. Bien que Afek Tounes est pour la séparation de la religion et de la politique, nous pensons que l’État devrait quand même intervenir pour mettre en valeur notre religion, en encourageant une lecture qui fasse suite au mouvement réformateur et ne pas laisser de place à des interprétations venant de l'extérieur et qui ne nous ressemblent pas.
Voilà, j'ai essayé d'être la plus fidèle possible à la réunion.
Qu'est-ce que j'en pense?
J'essaye d'être optimiste. Cela fait des mois que je suis convaincue que l'union est la seule solution pour pouvoir travailer efficacement. Et j'étais pour cette union depuis le mois de mars dernier. J'avais essayé d'oeuvrer dans ce sens, mais en vain. Le PDM seul n'avait pas la force nécessaire pour réussir. J'espère que cette nouvelle formule aura plus de chance. J'espère que Ettajdid rejoindra ce mouvement, sous une forme ou une autre.
Quoiqu'il en soit, même dans le cadre d'une confédération, il va falloir travailler ensemble. Et durement. Il va faloir aller partout. Parler aux gens, convaincre, offrir une vraie alternative, mettre de coté le discours négatif et positiver.
Les associations ont elles-aussi un grand rôle à jouer. Pas seulement dans les salons et les séminaires, mais surtout dans les quartiers, les maisons de jeunes, les maisons de culture, les cafés, les clubs, les rues....
Soyons optimistes et défendons notre projet. La tunisie sera résolument moderne et surtout, surtout, surtout TUNISIENNE.
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