Inséparables. Après tout, après les hommes, les enfants, le travail, après tout ce qui se passe dans une vie, il reste la mère. C'est pour elle que nous faisons tout ce que nous faisons. Pour gagner le droit de voir cette petite étincelle dans son regard qui dit, tu es belle. La mère, éternelle, veille sur nous et nous veillons sur elle.
C'est par elle que nous devenons mères, nous les filles. Pour lui ressembler, pour donner à notre tour ce que nous avons reçu d'elle, envers qui la dette est infinie, et qui est la vie. Ce jour-là, en accouchant, nous croyons enfin payer la dette, et extirper la mère de nous. Mais nous ne faisons que la reproduire en devenant mères.
Cela prend beaucoup de temps de se séparer de sa mère: cela prend une vie. Toute une vie avec sa mère. Cela prend du temps de se séparer de sa mère, parce qu'en fait on ne s'en sépare jamais. Même si on croit le faire, en inventant sa voie, en choisissant une vie, un homme, un travail, en ayant des enfants, en les aimant d'un amour fou, on reste la fille de sa mère, jusqu'au moment où on reprend le flambeau, et dans la joie et la douleur, on trouve sa place. Mais même à ce moment-là, on ne se sépare pas. Dans le grand accouchement qu'est la vie, quelle fille est jamais vraiment sortie du ventre de sa mère?
Mère et fille, un roman - Eliette Abécassis.
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