Je suis née dans une famille nombreuse et malheureusement très modeste.
Mes frères et sœurs ont fait des études supérieures, mais pas moi. En fait, ce n’est pas que je ne sois bête, mais il vrai que ma conduite laissait tellement à désirer que j’avais finie par être renvoyée de mon lycée lors de ma cinquième année secondaire.
Et cela a peut-être bien été la chance de ma vie.
J’avais été obligée de travailler.
Comme j’ai un contact très facile, et que je suis très sociable, j’avais pu être engagée comme hôtesse d’accueil dans un grand hôtel de la place.
Nous étions d’ailleurs deux jeunes filles dans le même cas. Nous étions devenues amies. Nous travaillions ensemble, et nous étions inséparables.
C’est grâce à cet emploi qu’un jour, nous avions fait la connaissance d’un homme très riche d’un des pays du golfe. Nous nous entendions très bien avec lui. Nous lui plaisions tellement, qu’il nous avait proposé pour un emploi d’hôtesses de l’air dans la compagnie nationale de son pays.
C’était vraiment une grande aubaine pour nous. Les pays du golfe, très riches, payaient des salaires extraordinaires. Bien plus que nous n’avions jamais osé espérer.
Et nous voilà parties.
Notre métier nous avait ouvert des horizons dont nous ne soupçonnions même pas l’existence.
C’était il y a environ 30 ans, ou un tout petit plus.
Les pays du golfe étaient à l’époque, en manque de femmes «libérées». Les migrations en masse des marocaines et des tunisiennes n’avaient pas encore commencé.
Il y avait nous, et quelques autres jeunes femmes. Nous étions d’ailleurs devenues amies.
Les hommes nous réclamaient. Ils nous voulaient. Et nous gâtaient. Nous avions tout: maisons, argent… et bijoux en tonnes.
Je l’avoue, j’ai mené la belle vie à cette période. D’autant plus que j’avais fais la connaissance d’un émir, et j’étais devenue sa maîtresse. Je portais les plus beaux vêtements, j’avais les plus beaux bijoux…
Il m’avait acheté à Tunis une première villa, puis une seconde… Il me les a entièrement meublées. Des meubles importés et ayant beaucoup de valeur.
Et des bijoux, encore et encore…
En fait, tout ce que je voulais.
J’aurais aimé qu’il m’épouse, mais il a refusé. Sa famille s’y était complètement opposée.
Ma copine a elle, réussi à se faire épouser par son amant. Il lui avait acheté un immeuble à Tunis, une superbe villa en banlieue Nord… Elle s’est en fait mieux débrouillée que moi. Elle a d’ailleurs eu des enfants avec cet homme. Et bien que la plupart du temps, ils vivaient éloignés l’un de l’autre (elle, ici à Tunis, et lui dans son pays), il ne l’a jamais abandonnée ou répudiée.
Un jour, les circonstances m’ont contraintes à rentrer à Tunis.
Mon amant m’avait gâtée, et j’avais eu droit à un «retour définitif» royal.
Avec une partie de l’argent qu’il m’avait donné, j’avais pu ouvrir une petite entreprise.
J’habitais dans l’une de mes deux villas, et j’avais mis l’autre en location.
Mon amant m’avait aussi acheté une superbe voiture.
Finalement, j’étais la plus riche de tous les membres de ma famille. Ils avaient fait des études, mais ne pourraient jamais avoir autant d’argent que moi… Ironie de la vie. Je les avais enviés, et c’était à leur tour de m’envier…
Un jour, j’ai fais la connaissance d’un jeune homme. Beau garçon, beau métier et surtout grande famille.
J’avais mis mon grappin dessus. Il était devenu mon boyfriend, mais malheureusement, il avait catégoriquement refusé de m’épouser. Vraiment refus total.
Un soir, alors que nous étions sortis ensemble, et que pour la énième fois, il m’avait opposé son refus, j’avais remarqué un jeune homme qui me draguait. J’ai décidé alors de narguer mon ami et de le rendre jaloux.
Et c’est de cette manière que j’ai fait la connaissance de mon futur premier mari…
Ce garçon était issu d’une bonne famille aisée. Il avait terminé ses études et avait commencé à travailler. J’avais senti qu’il deviendrait un homme important. Et j’avais mis le grappin dessus.
Celui-ci n’avait pas été difficile à convaincre. Il avait fini par me demander en mariage, bien que sa famille s’y était complètement opposée. Le jour de notre mariage, ma belle-mère pleurait de dépit.
Il venait de monter une entreprise. J’ai participé avec lui dans le capital, pas grand chose, juste un petit pourcentage, mais c’était mon mosmar Jha (clou de Jha). J’étais associée avec lui. Son père et un ami à celui-ci détenant la grosse majorité de ce capital.
Moi-même, j’avais liquidé ma propre entreprise et j’avais acheté une troisième maison. En effet, j’étais tombée enceinte presque tout de suite, et je ne voulais plus travailler.
Mon mari réussissait très bien professionnellement. Il gagnait beaucoup d’argent. De plus en plus.
J’ai eu un deuxième enfant. Puis un troisième.
Et mon mari devenait de plus en plus riche.
Moi, je disais que je m’occupais de mes enfants, mais cela n’était pas vrai. J’avais engagé trois femmes de ménage et un chauffeur, et c’étaient eux qui s’en occupaient. Moi, mes journées étaient beaucoup trop chargées, je n’avais pas de temps pour torcher et nourrir des gosses.
Je menais une vie mondaine. La renommée de mon mari et notre argent nous ouvraient toutes les portes, vraiment toutes. Nous étions devenus des VIP. Invités à toutes les soirées qui comptaient, à tous les endroits où il faisait bon de se faire voir…
Il est vrai que nous avions aussi profité du nouveau régime, puisque cela avait permis un renouvellement de la Jet Set tunisienne, et c’est ainsi que nous avions pu très facilement nous y intégrer.
Nous avions acheté une superbe et énorme villa dans le quartier le plus chic du pays, dans laquelle nous avions emménagé.
Nous y donnions des réceptions somptueuses.
Nous avions aussi acheté une grande villa à Hammamet, en bord de mer, où nous passions les deux mois d’été.
Pendant quelques années, j’avais vécu comme une vraie princesse. Les plus belles voitures, les plus beaux voyages….
Mon mari était devenu un homme très important. On parlait de lui dans tous les journaux. Il avait même occupé un poste politique.
Je dépensais sans compter….
Un autre enfant est arrivé.
Mon mari avait acheté une deuxième entreprise, ensuite une troisième, et après une quatrième…
Il était à la tête d’une vraie holding.
Ma belle-famille ne m’a jamais aimée. Les toutes premières années, nous avions été hypocrites les uns avec les autres. Mais jamais ils ne m’ont aimée. J’avais fais des efforts au début, ensuite, j’ai laissé tomber. Je ne les avais plus vraiment ménagé, même si eux, ont toujours maintenu une certaine correction à mon égard.
Ils me reprochaient de ne pas être comme eux. Mais je ne voulais pas être comme eux. Leurs vies étaient complètement inintéressantes. Ils avaient de l’argent, mais n’en profitaient pas vraiment. Ils vivaient presque repliés sur eux-mêmes. Leurs femmes passaient leur temps à s’occuper de leurs maisons et leurs enfants… Quelle vie terne, franchement!
Pourquoi Dieu a-t-il crée les domestiques alors???
C’est bien pour qu’ils nous débarrassent de toutes ces corvées, non?
Et puis, je n’avais pas le temps pour ce genre de choses. Entre les esthéticiennes, les coiffeuses, les masseuses, les couturières, les boutiques, les antiquaires, les bijoutiers…
Le soir, nous sortions tout le temps. Lorsque mon mari ne pouvait pas sortir, je sortais seule.
Il se disait fatigué parfois. D’autres fois, il disait vouloir rester un peu avec les enfants. Je n’ai jamais compris pourquoi. Ils grandissaient normalement… Pourquoi aurait-il fallut que nous passions plus de temps avec eux?
Les femmes de ménages s’en occupaient très bien. J’avais aussi engagé un répétiteur qui les faisait travailler. Le chauffeur les sortait…
Je les emmenais régulièrement en voyage, sport d’hiver, eurodisney… Partout. Bien-sûr, j’emmenais aussi une ou deux femmes de ménage avec nous pour s’en occuper.
Ils ne manquaient de rien!!!
Mes beaux-parents n’appréciaient pas cela. Ils faisaient beaucoup de reproches à mon mari. Franchement, de quoi se mêlaient-ils???
En plus, mon mari était l’aîné. Lorsque son père lui avait donné de l’argent pour sa première entreprise, ils s’étaient mis d’accord que c’était aussi pour le compte de ses frères. Dès la fin de leurs études, il était convenu qu’ils travailleraient dans cette entreprise, et toucheraient des parts.
Les années avaient effectivement passé. Mais je m’opposais complètement à ce que mon mari donne quoi que se soit à sa famille. Après tout, il était vrai que sa famille détenait la majorité du capital, mais c’était bien lui qui travaillait, non?
Mon beau-frère avait terminé ses études et s’était marié. Il avait commencé à travailler dans l’entreprise. Il percevait un salaire, mais il n’était pas question qu’il perçoive ses dividendes. Pour quelles raisons???
Les problèmes se sont accrus avec ma belle-famille. Mais je ne voulais rien leur donner. Mon beau-père avait promis à mon mari qu’il ne lui demanderait pas sa part des bénéfices des années précédentes mais il voulait qu’à l’avenir, chacun prenne ce qui lui revenait.
Je m’y était totalement opposée. J’avais même menacé de divorcer au cas où ils insisteraient. C’était MON argent, et ils n’avaient qu’à se débrouiller par leurs propres moyens.
Ma belle-mère a du intervenir suite aux supplications de mon mari. Elle a pu convaincre mon beau-père de laisser tomber ses menaces pour que ses petits enfants puissent être élevés entre leurs deux parents.
Je l’avoue, j’avais bien joué mon coup.
Mon beau-frère a fini par quitter l’entreprise, et avec l’aide de son père, il a monté sa propre entreprise.
malla jaw!!
Rédigé par : 24faubourg | 14/08/2007 à 14:12
Coucou ma belle,
j'organise un jeu à l'échellede la blogosphère tunisienne les "tn bloggers secret story"
Tout est expliqué dans les deux derniers postsde mon blog
http://ruedelapaix.blogspot.com/
Je serais vraiment contente de te voir participer.
Merci d'avance
Lalou
Rédigé par : Lalou | 14/08/2007 à 16:31
Quelle imagination débordante !!!!!
Rédigé par : Leila | 14/08/2007 à 20:46
24faubourg:
Choft!!!
@ Lallou:
J'avais déjà vu tes notes. C'est intéressant. Mais je ne sais pas si j'ai encore un secret: vous connaissez tous ma vie dans ses moindres détails!!!
J'y pense quand même.
@ Leïla:
Et si c'était vrai?
Rédigé par : Massir | 14/08/2007 à 21:15
Ce n'est pas de la fiction. Je connais au moins deux cas, semblables.
Rédigé par : samsoum | 15/08/2007 à 02:12
J'aime pas le mot "à suivre"!
Brabbi lè tebta 3lina ;-)
Rédigé par : Werewolf | 15/08/2007 à 02:51
ya Massir...Le Calypso te donne de droles didées...rabbi yostor.
Rédigé par : c pas moi | 15/08/2007 à 08:17
@ Samsoum:
Tiens, nous connaissons les mêmes personnes????
@ Werewolf:
T'inquiète pas, la suite a déjà été publiée. Je ne voulais pas faire trop long...
@ C pas moi:
Pas du tout mon cher. D'ailleurs j'ai écris cette histoire avanr d'aller au Calypso....
Rédigé par : Massir | 15/08/2007 à 11:14
toutes vos héroines se ressemblent pourquoi?
Rédigé par : tulipe | 15/08/2007 à 14:03
@ Tulipe:
Oui et non.
J'ai ausi les épouses lésées.
En en cours e rédaction, une héroïne complètement à l'opposée de celle-là.
A suivre....
Rédigé par : Massir | 15/08/2007 à 16:36
J'attends la suite de cette histoire , hélas très courante dans cette société de plus en plus centrée sur le paraître et la frime.
Pour beaucoup, les gens n'ont de valeur que par rapport à l'épaisseur de leur portefeuille et le soi-disant"gratin" qu'ils fréquentent: j'en ai connu beaucoup malheureusement de femmes qui pensaient que "mettre les mains" dans la cambouis" était réservé aux subalternes; et ils ne s'occupaient donc ni de leurs enfants, ni de leurs maisons eux-mêmes, seulement par "esclaves" interposés.
La valeur intellectuelle t culturelle n'avait pour ce genre de femmes aucune importance! Elles ne pensaient qu'à se faire voir, être vue dans in!
les pauvres.
"Qui trop embrase manque le train" dit le célèbre dicton. Et un jour, elles se sont retrouvées avec une position sociale importante, beaucoup d'argent, mais plus de maris, des enfants qui la méprisaient et des amis de pacotille! Ce genre de femmes (ou d'hommes d'ailleurs, ce comportement n'étant pas réservé à la gent féminine) je ne les plais pas du tout, au contraire je trouve qu'elle récolte ce qu'elles ont semé!
Rédigé par : Jacqueline Putzeys Gharbi | 22/02/2010 à 15:33
Tu m'as donné l'impression de parler du tout Tunis actuelle !!! Mais la question que je me suis toujours posée ... est-ce que ces femmes sont vaiment heureuses? C'est-à-dire au fond d'elles-mêmes est-ce qu'il y a cette sensation de bien être que l'on ressent lorsqu'on accomplit une oeuvre qu'elle nous réussit et que c'est le fruit d'un effort ... tu sais ce ouf de soulagement et d'appréciation du travail bien accompli ... ce plaisir épanouissant de la construction de soi et de ce dans lequel il croît ! Je sais pas est-ce qu'elles sont heureuses ou vide au dedans ? Je sais pas ce que l'on ressent à ne rien mériter ... à obtenir des choses par un biais souvent dévalorisant !!! Je sais pas si ces femmes gagnent quelque chose dans leur pseudo constuction ! J'aimerai tellement percer ce mystère !!!
Rédigé par : kim | 22/02/2010 à 18:44
@ Kim:
Sincèrement, je ne pense pas qu'elles soient heureuses. Elles ont peut-être l'impression de l'être.
Lorsqu'elles vieilliront, qu'auront-elles fait de leurs vies?
Qui trouveront-elles à leurs cotés?
A leur mort, quel souvenir laisseront-elles?
Rédigé par : Massir | 14/03/2010 à 02:25