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________________________________________________________"Les yeux jaunes des crocodiles" de Katherine Pancol.
Présentation de l'éditeur
Ce roman se passe à Paris.
Et pourtant on y croise des crocodiles.
Ce roman parle des hommes.
Et des femmes. Celles que nous sommes,
celles que nous voudrions être,
celles que nous ne serons jamais,
celles que nous deviendrons peut-être.
Ce roman est l'histoire d'un mensonge.
Mais aussi une histoire d'amours,
d'amitiés, de trahisons, d'argent, de rêves.
Ce roman est plein de rires et de larmes.
Ce roman, c'est la vie.
Je ne suis qu'au début de ce livre, mais en lisant cet extrait, cela m'a amusée.
Réalité? Réalité tunisienne? Réalité universelle?
J'ai l'impression d'entendre une femme tunisienne. Surtout lorsqu'elle dit que de nos jours ce sont les femmes qui traquent les hommes.
Juste avant cet extrait, Iris découvre que son mari, celui pour lequel elle avait tout laissé tomber, surtout une carrière qui s'annonçait brillante, la trompe avec...un homme. Un jeune avocat. Que faire?
Philippe... Philippe, répéta-t-elle en étirant une longue jambe hâlée et en faisant tinter les glaçons de son whisky-Perrier, pourquoi le quitter?
Pour me mettre dans cette course imbécile? Ressembler à cette pauvre Bérengère qui bâille après l'amour? Pas question! Ce n'est que pleurs et grincements de dents. Où sont les hommes? crie la meute des femmes. Il n'y a plus d'hommes. On ne peut plus tomber amoureuse.
Iris connaissait leur complainte par cœur.
Ou bien ils sont beaux, virils et infidèles... et on pleure!
Ou bien ils sont vains, fats, impuissants... et on pleure!
Ou bien encore ils sont crétins, collants, débiles... et on les fait pleurer!
Et on pleure de rester seule à pleurer...
Mais toujours elles le cherchent, toujours elles l'attendent. Aujourd'hui ce sont les femmes qui traquent l'homme, les femmes qui le réclament à cor et à cris, les femmes qui sont en rut. Pas les hommes! Elles appellent des agences, pianotent sur Internet. C'est la dernière fureur. Je ne crois pas à Internet, je crois à la vie, à la chair de la vie, je crois au désir que la vie charrie, et si le désir se tarit, c'est que tu n'en es plus digne.
Autrefois elle avait aimé la vie. Avant d'épouser Philippe Dupin, elle avait follement aimé la vie.
Et dans cette vie d'avant, il y avait du désir, cette "mystérieuse puissance du dessous des choses". Comme elle aimait ces mots d'Alferd de Musset! Le désir qui fait que toute la surface de la peau s'éclaire et désire la surface d'une autre peau dont on ne connait rien. On est intimes avant même de se connaitre. On ne peut plus se passer du regard de l'autre, de son sourire, de sa main, des ses lèvres. On perd la boussole. On s'affole. On le suivrait au bout du monde, et la raison dit: Mais que sais-tu de lui? Rien, rien, hier encore il portait un prénom inconnu. Quelle belle ruse inventée par la biologie pour l'homme qui se croit si fort! Quel pied de nez de la peau au cerveau! Le désir s'infiltre dans les neurones et les embrouille. On est enchainé, privé de liberté. Au lit en tous les cas...
Ce dernier carré de la vie primitive...
Il n'y a pas d'égalité sexuelle. On n'est pas à égalité puisqu'on redevient sauvage. La femelle en peau de bête sous l'homme en peau de bête. Que disait Joséphine, l'autre jour? Elle parlait de la devise du mariage au XIIe siècle et cela m'a fait frémir. Je l'écoutais sans l'écouter comme d'habitude et, soudain, c'était comme si elle m'envoyait une hache entre les jambes.
Gabor, Gabor...
Sa taille de géant, ses longues jambes, son anglais rauque et violent. Iris, please, listen to me... Iris, I love you, and it's not for fun, it's for real, for real Iris...
Sa manière de rouler les r lui donnait envie de rouler sous lui.
"Avec et sous lui." C'était la devise du mariage au XIIe siècle!
Avec et sous Gabor...
Gabor s'étonnait quand je résistais, quand je voulais garder mes atours de femme libérée, il éclatait de son rire d'homme des bois: "Tu veux exclure la force? la domination? la capitulation? Mais c'est ce qui produit l'étincelle entre nous. Pauvre folle, regarde ce que sont devenues ces féministes américaines: des femmes seules. Seules! Et ça, Iris, c'est la misère de la femme..."
Elle se demandait ce qu'était devenu cet homme. Parfois elle s'endormait en rêvant qu'il venait sonner à sa porte et quelle se jetait entre ses bras. Elle envoyait tout valser: les châles en cachemire, les gravures, les dessins, les tableaux. Elles partait avec lui, sur les routes.
Mais alors... deux petits chiffres jumeaux venaient crever la surface de son rêve. Deux crabes rouge vif dont les pinces refermaient en lourds verrous la porte entrebâillée de sa fantaisie: 44. Elle avait quarante-quatre ans.
Son rêve se fracassait. Trop tard, ricanaient les crabes en brandissant leurs pinces-cadenas. Trop tard, se disait-elle. Elle était mariée, elle resterait mariée! C'est ce qu'elle avait bien l'intention de faire.
Mais il lui faudrait quand même préparer ses arrières. Au cas où son époux s'enflamme et ne prenne la fuite avec ce jeune homme en robe noire! Il fallait qu'elle y pense.
Avant tout, il était urgent d'attendre.
Elle plongea ses lèvres dans le verre que lui avait apporté Carmen et soupira. Il allait falloir commencer à faire semblant dès ce soir...
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